Amélioration de la qualité de l’eau en Afrique : Les Africains posent le diagnostic
Un Guide intégrant toutes les initiatives mondiales de développement ciblant l’Afrique dévoilé
En marge de la COP 25 qui se tient dans la capitale espagnole, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et l’Agence de développement de l’Union africaine-NEPAD (AUDA-NEPAD), ont rendu public une application numérique qui, disent-ils, accompagnera les pays africains dans la mise en œuvre des initiatives mondiales en matière de développement. Il s’agit du Guide pour la planification intégrée en Afrique.
Le PNUD, la BAD et l’AUDA-NEPAD renforcent leur engagement aux côtés des Etats africains pour la mise en œuvre des OMD ou encore de l’agenda 2063 de l’UA. Le Guide dévoilé mardi dernier, permettra notamment d’intégrer toutes les principales initiatives mondiales à savoir : les Objectifs du Développement Durable, l’Agenda 2063 de l’UA, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et les contributions nationales, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe ainsi que le New Deal pour l’engagement dans les États fragiles au sein des plans de développement nationaux des pays africains.
Aussi, ce nouvel outil de planification, permettra de rationaliser le travail, de mieux coordonner l’affection des ressources et la prestation efficace des services. Anthony Nyong, Directeur du changement climatique et de la croissance verte du Groupe de la BAD, indique qu’il s’agit de « travailler avec les pays membres régionaux pour introduire les programmes de développement mondiaux dans les plans de développement nationaux dans le but d’éradiquer la pauvreté, de créer des emplois pour les jeunes et de protéger la planète ».
Le Guide sera disponible sous formes d’application numérique et de manuel, ce qui permettra aux responsables africains de la planification de rechercher et d’utiliser plus facilement des outils pour déployer une nouvelle génération de plans nationaux de développement en indiquant des données et des résultats par le biais de pages interactives.
S.B.
Amélioration de la qualité de l’eau en Afrique : Les Africains posent le diagnostic
Le symposium international sur la qualité de l’eau s’est tenu du 9 au 10 décembre 2019 à Ouagadougou. A l’issue des travaux sur le thème central « Investir sur la qualité de l’eau pour la durabilité de la vie », les participants ont proposé des recommandations. Dans l’optique d’améliorer la qualité de l’eau en Afrique, les participants au symposium international ont fait des propositions pour l’atteinte des ODD relatives à la qualité de l’eau. Read more
Sur le plan des politiques et réglementations, les participants ont fait des recommandations. Il s’agit, entre autres, de prendre des mesures incitatives pour les investisseurs privés dans la qualité de l’eau. En plus, de mettre en place des politiques contraignantes pour les usagers d’eau en vue de la sécurité sanitaire de l’eau.
Concernant le renforcement de capacités, la déclaration de Ouagadougou fait appel à la mutualisation des ressources des centres de formation et universités existants dans les pays et la sensibilisation des acteurs (industrielle, minier, etc.) sur les mesures anti-pollution pour une eau brute moins polluée.
Pour le financement, les participants ont proposé de mobiliser diverses taxes (Pollueur-payeur, prélèvement, TVA…) et une fiscalité environnementale pour le financement de la qualité de l’eau et d’exonérer les taxes sur l’acquisition des équipements et consommables pour le suivi de la qualité de l’eau, les produits chimiques de traitement de l’eau.
Enfin, une mise en place d’un fonds d’équipement des laboratoires de suivi de la qualité de l’eau a été suggérée.
A noter que les participants venaient du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Libéria, du Mali, du Nigéria, du Niger, de la Sierra Léone et du Togo.
Jules César KABORE
Sénégal : L'USAID exhorte le secteur privé à s'impliquer dans l'eau et l'assainissement
Le directeur de l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) au Sénégal, Peter Trenchard, a souligné jeudi la nécessité d'une forte implication du secteur privé dans l'approvisionnement en eau des populations et leur accès à l'assainissement. Il intervenait à la célébration de la Journée de l'investissement en eau, assainissement et hygiène, à l'initiative de l'USAID et du Fonds souverain d'investissements stratégiques du Sénégal (FONSIS). Lire la suite
Des spécialistes et des acteurs du secteur de l’eau et de l’assainissement ont pris part à cette rencontre, dont le but était de créer un cadre de discussion entre les partenaires financiers du gouvernement sénégalais et les prestataires de services, pour parler des défis et opportunités d’investissement dans ce secteur. Pour le directeur de l’USAID, les banques doivent jouer leur partition en accordant des prêts, et les entrepreneurs, eux, doivent flairer les opportunités d’investissement. Le directeur de l’Office national de l’assainissement du Sénégal, Lassana Gagny Sakho, soutient qu’‘’aucun pays ‘’ne peut se développer sans le secteur privé’’. ‘’Il faut créer des champions, c’est-à-dire accompagner nos petites et moyennes entreprises’’, a-t-il proposé. ‘’Tant que nous n’arriverons pas à transformer l’assainissement en un secteur de marché fort, il sera difficile d’atteindre les objectifs de développement durable’’, a souligné M. Sakho.
Adelaide, la ville sud-africaine où il n'a pas plu depuis cinq ans
Les prévisions météo ont encore changé, la pluie ne viendra pas. Alors Steve Bothma s'est résigné à envoyer 200 autres moutons à l'abattoir. Dans l'enclos balayé par un vent brûlant, ses ouvriers sélectionnent déjà les bêtes qui vont partir. "C'est un désastre. En trente ans de métier, ça ne s'est jamais produit", assure le cinquantenaire. Read more
"C'est un désastre. En trente ans de métier, ça ne s'est jamais produit", assure le cinquantenaire en pantalon kaki, chemisette beige et chapeau assorti, l'uniforme des fermiers sud-africains. "C'est tellement sec, c'est terrible", ajoute-t-il, en balayant de ses yeux bleus la terre aride. "D'habitude, c'est tout vert à cette période. Mais là, même les pins meurent." Dans la province du Cap-Oriental, dans le sud-est de l'Afrique du Sud, on ne se sait même plus à quand remontent les dernières vraies pluies. Cinq ou six ans au moins. L'Afrique australe toute entière, où les températures augmentent deux fois plus vite que sur le reste du globe, connaît sa pire sécheresse depuis trente-cinq ans, selon l'ONU. En 2018 déjà, la deuxième ville sud-africaine, Le Cap, avait échappé de justesse au "jour zéro", où les robinets devaient être à sec. Des restrictions d'eau drastiques et la pluie lui avaient finalement permis d'échapper à la catastrophe. Cette année à nouveau, "la situation est terrible" dans cinq des neuf provinces du pays, a reconnu le président Cyril Ramaphosa. Avec des conséquences dramatiques pour les agriculteurs, les écoliers et les commerçants. "On a commencé à abattre notre troupeau pour ne garder que les moutons qui peuvent se reproduire", explique Steve Bothma. L'éleveur s'est déjà séparé des deux-tiers de ses 5.000 ovins, même ceux âgés d'à peine un an. "Généralement, je les garde jusqu'à 5 ou 6 ans", ajoute l'agriculteur. "Tout le monde vend son bétail, le marché est saturé".
- Barrage à sec - Et leur laine est de très mauvaise qualité, "pleine de poussière et pas solide", explique-t-il. Conséquence, le prix des toisons de ses mérinos, déjà affectés par la fièvre aphteuse dans le nord du pays, s'est effondré: moins 40% en un an. Sur la route en gravier qui conduit à la ville la plus proche, Adelaide, le paysage vallonné n'est que désolation. Les immenses rampes d'arrosage plantées dans des champs arides ont depuis longtemps cessé de fonctionner.En ville, le bétail broute l'herbe brûlée du golf et des vaches osseuses traînent dans les rues. Du jamais vu, selon les habitants de cette ville de 15.000 âmes approvisionnée en eau par un barrage à sec depuis le début de l'année. Alors quand l'ONG Gift of the Givers vient y livrer de l'eau dans le township, c'est la cohue. Des centaines de personnes accourent avec des bouteilles, seaux, bidons de peinture, poubelles et glacières. "On garde l'eau pour boire et cuisiner", explique Rodney Douglas, en poussant une brouette chargée de bidons. Il n'y en aura pas assez pour se laver le corps ou son linge. "Les habits, je les retourne" quand ils sont trop sales, dit-il. "Notre maison sent mauvais. On recycle l'eau usée pour les toilettes", se plaint Assanda Sais, mère de famille sans eau courante depuis trois mois. "Parfois, les instituteurs nous demandent de garder les enfants à la maison". "Il n'y a pas d'eau pour cuisiner, pas d'eau pour les toilettes", confirme le directeur de l'école du township, Douglas Honan.
- Elèves absents - Ici, à cause de la sécheresse, la semaine de cours a été réduite d'une demi-journée. Nombre d'enfants ratent les cours. "Ils doivent aider leurs parents à transporter l'eau, ils ne peuvent pas se laver, ils se plaignent de maux de ventre", raconte une institutrice, Zeenat Gangat, dans le préfabriqué étouffant qui lui sert de salle de classe. Les autorités assurent ravitailler un jour sur deux les quartiers de la ville, via un réservoir raccordé à un pipeline bien trop étroit qui remonte jusqu'à la Fish River, à une cinquantaine de kilomètres de là. Mais la réalité est tout autre.Le réseau de canalisations est en "mauvais état", reconnaît Bornboy Ndyebi, adjoint au maire d'Adelaide. Et les camions-citernes sont en panne, concède Thandekile Mnyimba, à la tête de la municipalité d'Amathole qui gère Adelaide. L'opposition accuse la ville, aux mains du Congrès national africain (ANC) qui dirige le pays, de ne pas avoir anticipé cette situation dramatique."Les autorités locales se sont réveillées quand le niveau de l'eau dans le barrage était de 4%", affirme Ernie Lombard, conseiller municipal de l'Alliance démocratique (DA).Le président Ramaphosa, qui a succédé en 2018 à Jacob Zuma, empêtré dans des scandales de corruption, le concède: "la mauvaise gestion des ressources en eau et la corruption ne sont pas pour rien dans la situation actuelle."
- Suicides -En clair, les effets de la sécheresse ont encore été aggravés par l'incompétence des autorités."Sans mesure drastique", l'accès à l'eau deviendra "le défi économique le plus important" de l'Afrique du Sud, a prévenu le chef de l'Etat. A Adelaide, où le taux de chômage avoisine les 70%, le prix de la sécheresse, conjugué à celui de la crise économique qui sévit dans le pays, est déjà énorme. Les maisons ne se vendent plus. Dans l'hôtel à l'architecture coloniale, on en arrive à espérer que toutes les chambres ne soient pas louées en même temps. "Sinon, on met deux semaines pour laver tous les draps. C'est le cirque !", explique sa patronne.Dans les fermes, les avocatiers qui donnaient 50 fruits par arbre n'en produisent plus qu'une dizaine. Les petits éleveurs n'en finissent pas de compter leurs carcasses. Alton Snaer a déjà perdu 9 de ses 15 bovins, sa seule richesse. "Je n'en dors plus la nuit"."Si ça continue, on va devoir fermer boutique", prévient Steve Bothma, qui emploie sept ouvriers. Sans espoir, étranglés financièrement, "des fermiers se suicident", explique-t-il en baissant la tête.bed/pa/jlb.