La situation des migrants et réfugiés africains en Libye

La situation des migrants et réfugiés africains en Libye a été évoquée vendredi 26 janvier au sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba. Deux mois après le sommet UE-UA d'Abidjan, la commissaire aux Affaires sociales de l'organisation panafricaine, la Soudanaise Amira el-Fadil, a fait le point sur les rapatriements : 12 708 personnes ont regagné leur pays. Mais il reste encore beaucoup de travail.

Ils sont autour de 700 000 migrants africains en Libye. Les deux tiers sont arrivés légalement selon Amira El-Fadil. « La majorité était en Libye avant 2011, avant la chute du régime de Mouammar Kadhafi et la révolution. Ce sont des migrants légaux qui ont travaillé en Libye. »

Le reste, environ 200 000 personnes, sont des migrants arrivés de façon illégale, originaires de 30 pays du continent et victimes de réseaux criminels. Un peu plus de 12 700 sont rentrés depuis décembre.

L'objectif de l'Union africaine reste fixé entre 15 000 et 20 000 mais tous ne souhaitent pas quitter la Libye explique l'envoyée spéciale du président de la Commission de l'UA. « C'est un retour volontaire qui dépend de la volonté des migrants. Ils ont le droit de partir ou de rester en Libye (...) L'OIM estime que 30% de ces 700 000 migrants veulent rentrer dans leur pays d'origine de façon volontaire la majorité préfère rester et travailler en Libye. 30% des migrants clandestins veulent rejoindre l'Europe. Bien sûr, ces statistiques sont des estimations faites à partir des informations que nous avons pu récolter. Il est possible qu'elles ne soient pas exactes à 100%. Mais ceux qui sont dans des centres de détention veulent pour la plupart rejoindre l'Europe car ils pensent qu'ils auront une vie meilleure là-bas. Pour ces migrants, nous travaillons avec le HCR pour déterminer s'ils sont des réfugiés qui ont des raisons de ne pas vouloir retourner dans leur pays d'origine. Nous voyons avec le HCR s'il est possible de les réinstaller dans d'autres pays africains. Nous travaillons aussi avec nos partenaires européens pour en réinstaller un certain nombre en Europe. »

L'Union européenne travaille en effet avec son homologue africaine sur ce dossier. « On a déjà l’idée de voir ce qu’on peut faire après les 15 000, explique Ranieri Sabatucci, l'ambassadeur de l'UE auprès de l'UA. Voir s’il y en a d’autres qu’on peut aider à revenir, et si on peut essayer d’élargir pour voir si on peut utiliser ce modèle aussi pour d’autres questions liées à la migration en Libye et peut-être dans d’autres zones de crise. »

En attendant, l'Union africaine appelle les pays du sud de l'Europe à partager l'information afin de démanteler les réseaux de traite d'êtres humains.

 

 

 

 

 

 

L'Italie veut envoyer des soldats au Niger, refus de Niamey

L'Italie avait annoncé, fin 2017, son intention d'envoyer des militaires au Niger afin de lutter contre l'insécurité. Paolo Gentiloni, le Premier ministre italien, avait précisé que cette décision faisait suite à une demande venue du gouvernement nigérien. Un premier contingent de 120 hommes devait partir pour le Niger en ce début d'année. Mais le gouvernement nigérien nie avoir été consulté à ce sujet.

Si l'on en croit des sources officielles, la nouvelle de l'envoi de 470 soldats italiens au Niger, le gouvernement nigérien l'a apprise par une dépêche de l'AFP. « Nous n'avons pas été consultés ni informés. Nous étions surpris », confie une source gouvernementale au Niger à RFI.

Une autre source gouvernementale assure que le pays n'est pas d'accord pour accueillir cette force : « Nous avons indiqué aux Italiens par le biais de notre ministre des Affaires étrangères que nous ne sommes pas d'accord. »

Giuseppe Alvano, le ministre italien des Affaires étrangères, était en visite à Niamey le 3 janvier, il a rencontré son homologue avant d'inaugurer pour la première fois une ambassade italienne dans le pays. Pour l'Italie, l'envoi de soldats au Niger servira à « renforcer les mesures de sécurité sur le territoire, aux frontières et à soutenir la police ». Mais nos sources nigériennes affirment que pour l'entrainement, « nous avons ce qu'il faut avec les Américains, nous nous coordonnons aussi avec les Français ».

Ces sources confirment toutefois l'existence d'un dialogue et d'une coordination sécuritaire et technique avec l'Italie, mais tout cela n'implique en aucun cas le Niger pour l'accueil d'une telle mission.

Les députés italiens ont entériné le 17 janvier dernier le déploiement d'une mission militaire au Niger afin d'aider les autorités locales à renforcer le contrôle du territoire par lequel transitent des nombreux migrants en direction de l'Europe.

Les Libyens non plus n'ont pas été consultés

Les députés italiens ont également entériné, le 17 janvier dernier, le renforcement de la mission italienne en Libye. Rome possède une base militaire à Misrata, au centre du pays où stationnent 300 hommes. Elle possède également une base maritime à Tripoli et des forces de sécurités pour garder sa mission diplomatique. Les gardes du corps du Premier ministre libyen sont aussi des Italiens. L'Italie a le droit d'utiliser le ciel et les eaux territoriales libyennes. Elle a décidé de porter à 400, le nombre de ses hommes à Tripoli.

Décision qui fait des vagues en Libye comme au Niger. Le gouvernement de Tripoli qui avait autorisé la présence de 300 militaires italiens en 2016, a demandé une explication à l'Italie. Quant au gouvernement de l'est, il a profité de l'occasion pour accuser l'Italie de soutenir une partie des Libyens contre une autre.

L’Italie cherche à se positionner en Afrique

Selon plusieurs experts, l'Italie cherche aujourd'hui à se positionner en Afrique. Ces différentes initiatives expriment cette récente volonté de s'installer dans le Sahel et le Sahara sur le long terme.

Au début de l'année, lors de sa tournée africaine, le ministre des Affaires étrangères italien avait déclaré que les pays au sud du Sahara constituent en 2018 une priorité pour l'Italie.

Après l'ouverture de son ambassade à Niamey, l'Italie a ouvert son ambassade en Guinée et se prépare à le faire au Burkina Fasso.

L'Italie, confrontée au phénomène de la migration clandestine, fait tout son possible, pour diminuer les flux migratoires vers ses côtes. Avant d'arriver en Italie, les migrants traversent les pays de la bande sahélo-saharienne.

 

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