Migration Africaine : « Un phénomène médiatique qui ne correspond pas nécessairement à la réalité des chiffres » (Aminata Touré, Ex-présidente CESE)

L’ex présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Aminata Touré, a fait savoir, ce mardi, que « la transformation de la migration africaine en ’’phénomène médiatique’’ ne correspond’’ pas nécessairement à la réalité des chiffres’’ au regard desquels les Africains sont ceux qui migrent le moins vers d’autres continents ».

 

« En réalité, les Africains sont ceux qui migrent le moins, mais évidemment parce qu’ils se singularisent par des caractéristiques physiques particulières, on en a fait un phénomène médiatique qui ne correspond pas nécessairement à la réalité des chiffres», a déclaré l’ancien Premier ministre. Cette dernière s’exprimait lors des travaux d’une table ronde virtuelle organisée par le think tank Afrikajom Center, sur le thème : "La recrudescence de la migration après COVID-19 : comprendre la détresse de la jeunesse et y trouver une réponse appropriée". 

 

Aminata Touré est, par la même occasion, revenue sur les vagues migratoires, d’Afrique vers l’Europe, enregistrées ces derniers mois, par le moyen d’embarcations de fortune, occasionnant parfois d’importantes pertes en vie humaine.

 

Elle a fait valoir que "la part des Africains vivant dans un pays qui n’est pas le leur n’est que 14,7% à l’échelle mondiale, soit une proportion qui est vraiment inférieure disons aux statistiques concernant les Asiatiques ou les Européens". 

 

L’ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental est de même largement revenue sur la problématique de la croissance rapide de la population africaine depuis 1960, année d’accession de la plupart des pays du continent à l’indépendance.

 

 "Il faut dire qu’entre 1960 et 2018, notre population africaine a augmenté de 168% au rythme à peu près de 2,6 % par an en moyenne. Nous sommes passés quasiment dans la période de 476 millions à 1,3 milliard d’individus sur le continent, et il est attendu vers 2050 que cette population passe à 4,3 milliards durant ce siècle", a-t-elle indiqué.

 

La rencontre, initiée en partenariat avec OSIWA (Open Society Initiative for West Africa), a regroupé plusieurs experts de la question migratoire, mais aussi des universitaires, hommes de lettres et cinéastes dont le réalisateur Moussa Sène Absa. L’objectif de cette journée de réflexion est d’analyser et de comprendre la recrudescence de la migration clandestine et de trouver "des réponses appropriées, durables, coordonnées pour corriger ce phénomène".

 

 

 

 

UN CHANGEMENT DE STRATEGIES PRECONISÉ CONTRE LE PHÉNOMÈNE DE L'IMMIGRATION IRRÉGULIÈRE

Le Sénégal doit aller vers des pistes autres que la réponse sécuritaire afin de lutter contre l’émigration irrégulière

Fatou NDIAYE  |   Publication 13/01/2021

Le Sénégal doit aller vers des pistes autres que la réponse sécuritaire afin de lutter contre l’émigration irrégulière. L’avis est de panélistes qui ont pris part à la table ronde organisée hier, mardi 12 janvier 2021, par Afrikajom Center avec comme thème : «Recrudescence de la migration après la Covid-19 : comprendre la détresse de la jeunesse et y trouver une réponse appropriée».

Afrikajom Center, en partenariat avec Open society initiative for West Africa (Osiwa), a organisé hier, mardi 12 janvier 2021, une table-ronde virtuelle sur la «Recrudescence de la migration après la covid-19 : comprendre la détresse de la jeunesse et y trouver une réponse appropriée». Ce conclave a été une occasion pour les panelistes de proposer des moyens à mettre en œuvre pour stopper l’émigration irrégulière.

Pour la représentante de l’Union européenne (Ue), Patrice Desbonnes, les pays européens ont inscrit dans leur agenda la lutte contre les passeurs. Pour elle, la migration est une question importante aussi bien pour le Sénégal que pour les pays de l’Union européenne. Ainsi, donc «elle sera un des sujets à aborder lors du prochain sommet entre l’Union européenne et les Etats africains», indique-t-elle. Toujours dans le cadre de la lutte contre l’émigration irrégulière, la représentante de l’Ue plaide pour que le Sénégal finalise son Document de politique migratoire (Dpm). Mieux, ajoute-t-elle, notre pays devra aussi promouvoir des opportunités économiques afin de mieux fixer les jeunes. Le Sénégal doit aussi faciliter l’octroi des financements et miser sur les secteurs porteurs d’avenir tels que le gaz et le numérique. Il doit également sensibiliser les jeunes sur la migration, les opportunités qui existent au Sénégal. Il a aussi intérêt à rechercher les vecteurs les plus appropriés pour le faire.

Revenant sur les bailleurs de fonds, Patricia Desbonnes juge qu’ils doivent tirer des leçons des programmes antérieurement menés. De son côté, le directeur exécutif de l’Institut des futurs africains, Alioune Badara Sall, trouve que lutter contre la migration irrégulière en ayant comme repère le combat contre la pauvreté est inadéquat. La question de la migration dépasse la recherche de la survie, souligne-t-il. Il estime, dans ce sens, que ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent le plus souvent.

Pis, la collaboration entre les pays africains et ceux européens dans ce domaine est plus un «partenariat anti-migration» qu’une politique migratoire, relève-t-il. Et de souhaiter que la question migratoire soit inscrite à la prochaine Conférence des chefs d’Etat et Gouvernement de l’Union africaine (Ua). Pour le directeur de Legs Africa, Elimane Haby Kane, il faut créer la richesse interne, lutter contre la sortie massive des capitaux et développer une politique nationale claire de l’emploi basée sur la ressource locale, mais aussi aider les jeunes à changer de mentalité.

En somme, les panelistes ont plaidé pour que la migration soit davantage mieux organisée. Ils ont aussi appelé à la responsabilité des dirigeants pour plus d’actions de bonnes gouvernances, afin de mieux donner aux jeunes des opportunités qui les retiennent en Afrique.

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