SAHEL : la BAD promet 6,5 Md $ pour l’initiative de la Grande muraille verte en 5 ans

Lors d’un forum en marge du « One Planet Summit » qui s’est tenu le lundi 11 janvier 2021, la Banque africain de développement (BAD) a promis de mobiliser 6,5 milliards de dollars en 5 ans pour le financement de l’initiative de la Grande muraille verte dont le but est de stopper l’avancement du désert dans le sahel africain.

C’est l’une des principales annonces du One Planet Summit qui s’est tenu ce lundi 11 janvier 2021 en ligne. La Banque africaine de développement (BAD) renouvelle son soutien à l’initiative de la Grande muraille verte en promettant un investissement de 6,5 milliards de dollars sur 5 ans. Le plan de la Grande muraille verte consiste à planter une mosaïque d’arbres, de prairies, de végétation et de plantes sur 8 000 kilomètres de long et 15 kilomètres de large à travers le Sahara et le Sahel pour restaurer les terres dégradées « et aider les habitants de la région à produire une nourriture adéquate, à créer des emplois et à promouvoir la paix ».

Mais la mise en œuvre de cette initiative de l’Union africaine se heurte à l’absence de financement. D’ailleurs, la BAD estime que le manque de ce financement représente la principale contrainte à la mise en œuvre du projet. Néanmoins, « des partenaires multilatéraux de développement se sont joints à la BAD pour aider à mobiliser un financement en faveur de cette initiative promue par l’Afrique, qui vise à restaurer les paysages désertiques actuels, en assurant la sécurité alimentaire, en créant des emplois et en incitant des millions d’Africains, du Sénégal à Djibouti, à rester dans la région du Sahel », indique la BAD.

Le soutien d’autres partenaires au développement

Selon la BAD, les 6,5 milliards de dollars mobilisés permettront de mettre en œuvre une série de programmes de soutien à la Grande muraille verte, en s’appuyant sur des sources de financement internes et externes, notamment du Fonds des énergies durables pour l’Afrique (Sefa), le Fonds vert pour le climat (FVC) et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Lors du One Planet Summit co-présidé par le chef de l’État français Emmanuel Macron et Prince de Galles, la BAD a aussi incité les autres partenaires au développement à se joindre à l’initiative de la Grande muraille verte qui selon elle, est plus que nécessaire dans une région du Sahel très impactée par la sécheresse et qui doit faire face à une insécurité grandissante.

« La Grande muraille verte est un mur qui vaut la peine d’être construit. Un mur qui rassemble les populations, et non un mur qui les sépare. Un mur qui met à l’abri, et non un mur qui isole. Un mur qui protège notre existence collective. Un mur pour l’environnement — un mur pour la planète », a plaidé Akinwumi Adesina, le président de la BAD.

La création de 10 millions d’emplois verts

Outre la séquestration de 250 millions de tonnes de carbone, la Banque africaine de développement estime que l’initiative de la Grande muraille verte aura d’autres retombées notamment la création de 10 millions d’emplois grâce à la restauration de 100 millions d’hectares de terres dégradées dans les 11 pays de la région sahélo-saharienne (Gambie, Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Éthiopie, Érythrée et Djibouti).

Pour mémoire, l’initiative de la grande muraille verte reçoit le soutien de la Banque mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Union européenne (UE) ou encore le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

 

BASSIN DU CONGO : le changement climatique menace la biodiversité

Par Boris Ngounou - Publié le 12 janvier 2021 / Modifié le 13 janvier 2021

 

Dans les forêts du bassin du Congo, la hausse de la température et l’irrégularité des pluies ont des répercussions néfastes sur les ressources fauniques. Les disponibilités en champignons et chenilles comestibles ont chuté d’environ 80 %. C’est ce qui ressort d’une étude publiée le 5 janvier 2021 par le Centre de recherche forestière internationale (Cifor).

Le deuxième plus grand massif forestier du monde n’échappe pas aux effets du changement climatique. Le bassin du Congo, d’une superficie de 4 millions de km2, situé à l’ouest de l’Afrique équatoriale a enregistré durant ces vingt dernières années, une dégradation de sa biodiversité, causée par des perturbations climatiques. Dans une étude publiée le 5 janvier 2020, les scientifiques du Centre de recherche forestière internationale (Cifor) mettent en cause l’augmentation de la température et l’irrégularité des précipitations.

D’après les chercheurs, la température annuelle moyenne dans le bassin versant de la rivière Mpoko en République centrafricaine (RCA) a augmenté d’environ 1 degré, passant de 26 degrés Celsius à un peu plus de 27 degrés Celsius entre 1990 et 2015, ce qui représente une augmentation moyenne d’environ 3 % par décennie. En ce qui concerne les précipitations, la saison des pluies commence plus tôt que d’habitude, et davantage de pluie tombe en décembre, alors que le mois de février est désormais généralement sec. Des constats similaires ont été faits dans le bassin versant de la rivière So’o au Cameroun et dans les faubourgs de Kisangani en République démocratique du Congo (RDC).

Les récoltes de champignons comestibles ont chuté de 88,2 %

L’impact du réchauffement hydro-climatique dans le bassin du Congo se traduit par la diminution des ressources animales, notamment celles dont se nourrit l’essentiel des paysans riverains des forêts. C’est ainsi que les pêcheurs se sont plaints d’une chute spectaculaire des réserves en poissons le long de la rivière Mpoko en RCA. En 2009, la même région a enregistré des chutes respectives de récoltes de chenilles et de champignons comestibles, de l’ordre de 86,2 % et 88,2 %.

L’étude menée par les scientifiques du Cifor vise à éclairer les politiques environnementales pour des actions adaptées aux réalités du bassin du Congo.

Le document indique par ailleurs que les projections à long terme des effets du changement climatique dans la région prévoient une diminution des précipitations de 17 % d’ici à 2090. La réduction des précipitations entraînera une diminution du débit des eaux de surface et souterraines, alors que les bassins versants généreront moins d’eau pendant les périodes de faibles pluies. Outre la biodiversité, la sécurité alimentaire y sera davantage menacée par le changement.

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