Le prix de l’eau va beaucoup augmenter
Entre sécheresse et inondations, l'eau est devenue un problème majeur. Aggravé par le changement climatique.
À une époque où le changement climatique et la pollution environnementale progressent, l’eau propre est devenue un bien rare. Seulement 3% de l'eau sur terre est de l'eau douce.
Si elle était répartie plus uniformément, il y en aurait assez pour tout le monde. Or, la réalité est différente. Les pénuries d'eau constituent depuis longtemps un problème majeur dans plusieurs régions du monde. Le dérèglement climatique et la croissance démographique vont probablement aggraver la situation. Par conséquent, rien d’étonnant à ce que le Forum Économique Mondial (FEM) ait défini en 2019 la pénurie d'eau et ses effets comme la plus grande menace de la décennie à venir.
Quatre milliards de personnes, soit les deux tiers de la population mondiale, souffrent de pénuries d’eau extrêmes et ne disposent pas assez d’eau au moins un mois par an. C’est le cas de presque deux milliards de personnes en Inde et en Chine. Cinq cent millions de personnes manquent d'eau toute l'année. La moitié des plus grandes métropoles mondiales d’Égypte, d’Inde, de la Chine, du Bangladesh, du Pakistan, du Nigeria, de l’Afrique du sud, du Mexique ainsi que les populations du sud et du sud-ouest des États-Unis font déjà face à des pénuries d’eau.
La demande mondiale en eau pourrait augmenter de
20 à 30% par rapport à la consommation actuelle.
À en croire des estimations récentes, plus de 50 pays souffrent de stress hydrique. Ces pays utilisent plus d’un quart des ressources d’eau renouvelables, ce qui peut provoquer un risque croissant de problèmes environnementaux et de difficultés économiques. Un cinquième des réserves d'eau souterraine dans le monde est considéré comme épuisé et la consommation d'eau continue d'augmenter. Ce phénomène est attribué à la croissance démographique, à l'urbanisation, à un niveau de vie plus élevé et à des changements dans les habitudes de consommation, ainsi qu'à une irrigation accrue des terres agricoles.
Suite aux progrès de la classe moyenne asiatique, la consommation de viande et de produits laitiers augmente également, tout comme l'exploitation de produits alimentaires pour la production de biocarburants. La pratique de l’agriculture industrielle requiert de plus en plus de sols et d’eau.
Depuis les années 1980, la consommation mondiale d’eau augmente d’environ 1% par an. Il est probable que la demande mondiale en eau continuera à augmenter à un rythme similaire jusqu'en 2050, ce qui représente une hausse de 20 à 30% par rapport à la consommation actuelle d'eau.
Le changement climatique ne fait qu’aggraver la situation, car il a un impact sur les cycles hydrologiques, en particulier sur les précipitations et l’évaporation. Des périodes de sécheresse prolongées et l’aggravation de la désertification, la montée du niveau des océans, et la perte d’écosystèmes entiers vont probablement conduire à une forte augmentation des flux de migration et des conflits politiques en rapport avec l'accès à l'eau. Actuellement, les régions déjà arides auront tendance à l’être encore plus en raison des pénuries d’eau tandis que les régions exposées à de fortes précipitations pourraient s’attendre à avoir encore plus de pluie. Cela aura différents impacts sur diverses régions du monde. Dans les zones où la sécurité alimentaire dépend de l’irrigation, la rareté de l’eau est une menace pour les moyens de subsistance. Une situation de cette ampleur est susceptible de se produire dans le sud de la Chine, dans la partie sud des États-Unis, en Australie, au Moyen-Orient et dans les régions méditerranéennes.
Entre 1995 et 2015, les inondations ont représenté 43%
de l'ensemble des catastrophes naturelles recensées.
En revanche, on s'attend à davantage de précipitations et d'inondations dans certaines parties de l'Afrique de l'Est, de la Chine occidentale et du sud de l'Inde. Entre 1995 et 2015, les inondations ont représenté 43% de l'ensemble des catastrophes naturelles recensées. Elles ont touché 2,3 milliards d’habitants et ont entraîné des dommages matériels d'une valeur de 662 milliards de dollars US.
L’offre et la demande en eau vont continuer de diverger. Il est manifeste que ce développement va induire une augmentation significative du prix de l’eau. L’humanité doit veiller à ce que l'eau soit disponible, accessible et traitée. Cela suppose des investissements dans la collecte des eaux et la gestion des eaux de surface et des nappes phréatiques. Cela suppose aussi des investissements dans le réseau de distribution de l’eau ainsi que dans le nettoyage, la désinfection et le recyclage de l’eau. Par conséquent, le secteur privé devrait y contribuer dans de fortes proportions.
« À côté du Covid-19, l'eau, l'autre urgence de l'Afrique »
TRIBUNE. Submergés par le Covid-19, n'en oublions-nous pas la question de l'accès à l'eau problématique pour une grande partie de l'humanité ? Par Patrice Fonlladosa*
Publié le 23/08/2020 à 18:18 | Le Point.fr
Le Covid-19 ne doit pas faire oublier la réalité des problèmes d'eau et donc le risque de soif, sans compter les conséquences sur l'agriculture. © Halden Krog / DPA / dpa Picture-Alliance/AFP
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On se réveille le matin. Dans nombre de pays, on ouvre machinalement son robinet pour boire son premier verre d'eau de la journée. Problème : pas une goutte n'en sort… Ce pourrait être le début d'un film, non pas de science-fiction, mais d'anticipation. Entre 2000 et 2018, selon une ONG réputée, le chiffre des populations d'Afrique subsaharienne qui n'ont pas accès à l'eau et l'assainissement a doublé, et ce, en dépit des efforts des États et des bailleurs de fonds.
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Au-delà du stress hydrique, la soif guette
Les forums et les colloques se succèdent, tirant la sonnette d'alarme et illustrant l'urgence de la situation. Les plans, les projets et la bonne volonté dans le déploiement des politiques publiques semblent ne rien y faire. Inexorablement, le monde s'en va vers la soif. Dans une forme immense d'indifférence… L'agriculture et l'irrigation – auto-suffisance alimentaire oblige –, la déforestation, les pollutions diverses et la concentration urbaine qui ne faiblit pas, toutes ces causes sont bien connues, analysées. Aujourd'hui, ce sont déjà 25 pays sur 54 en Afrique(s) qui sont en situation de stress hydrique. Dans 10 ans, 60 % de la population mondiale rejoindra cet effrayant club des assoiffés, selon l'ONU.
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La question de l'eau est cruciale pour l'Afrique à la fopis pour des raisons d'hygiène mais aussi alimentaires. © Issouf Sanogo
Une nécessaire organisation
On comprend cette « foire aux priorités » que sont, pour les journalistes, les chroniqueurs et analystes, le Covid-19, les questions de sécurité, de « croissance » et de redémarrage économique… mais acceptons de remettre au centre de nos énergies et de nos intelligences une organisation à même de permettre l'accès à l'eau pour le plus grand nombre. Parce que les solutions sont connues, elles existent, et la technologie continue de faire des progrès chaque jour : dessalement, réutilisation des ressources, rechargement des nappes, grands ou micro-barrages, réseaux du dernier kilomètre… : l'ingéniosité bouillonne.
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Citant l'ONU, Patrice Fonlladosa rappelle que "dans 10 ans, 60% de la population mondiale rejoindra cet effrayant club des assoiffés". © DR
Et les financiers ne sont pas en reste. Bailleurs de fonds internationaux, banques locales, fondations, et même acteurs du secteur privé motivés par des cash-flows, même faibles mais par essence récurrents, se mobilisent. En effet, comment, alors, interpréter l'alerte que l'un des premiers fonds d'investissement au monde, Black Rock, vient de lancer en citant le stress hydrique comme l'un des risques majeurs à court terme ? Pour les populations, mais aussi pour les industriels. Et ce n'est pas en Afrique mais en Allemagne que la baisse du niveau du Rhin a impacté le groupe BASF à hauteur de 250 millions d'euros en 2018…
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Prendre la pleine mesure de la gravité de la situation
Si nous voulons parler d'urgence, un mot tant employé qu'il en a presque perdu son sens, alors oui, il faut se mobiliser sérieusement et de façon coordonnée pour assurer l'accès à l'eau potable pour tous, populations et industriels.
Voilà l'objectif qui devrait être à l'agenda – et au premier niveau – des Afrique(s) pour 2021. C'est bien de la mise en œuvre d'une vraie volonté politique basée sur la vision – et non pas le calendrier électoral – que dépend cet accès à l'eau pour tous, source de vie et condition d'existence.
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* Président de (Re)sources, ancien président du Comité Afrique du Medef.
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