L'ONU lance un plan mondial de réponse humanitaire à la pandémie covid-19
« En quelques mois seulement, le COVID-19 a bouleversé la vie des enfants du monde entier. Des centaines de millions d'entre eux ne sont pas scolarisés. Les parents et les personnes qui s'occupent des enfants ont perdu leur emploi. Les frontières ont été fermées. Les enfants sont les victimes cachées de cette pandémie. Nous sommes inquiets de ses conséquences à court et à long terme sur leur santé, leur bien-être, leur développement et leurs perspectives. Nous sommes inquiets de leur manque d'accès à l'eau et aux services d'hygiène.
Déclarations d’Henrietta Fore, directrice générale d’UNICEF et de Sébastien Lyon, directeur général d’UNICEF France.
New York/Paris, le 25 mars 2020 - « En quelques mois seulement, le COVID-19 a bouleversé la vie des enfants du monde entier. Des centaines de millions d'entre eux ne sont pas scolarisés. Les parents et les personnes qui s'occupent des enfants ont perdu leur emploi. Les frontières ont été fermées.
Les enfants sont les victimes cachées de cette pandémie. Nous sommes inquiets de ses conséquences à court et à long terme sur leur santé, leur bien-être, leur développement et leurs perspectives.
Nous sommes inquiets de leur manque d'accès à l'eau et aux services d'hygiène. Comme vous le savez, le lavage des mains au savon est essentiel dans la lutte contre le COVID-19. Et pourtant, 40 % de la population mondiale - soit 3 milliards de personnes - ne disposent pas d'une installation de lavage des mains avec de l'eau et du savon à la maison.
Pire encore, 16 % des établissements de santé, soit 1 sur 6, n'ont pas de services d'hygiène. Et plus d'un tiers des écoles dans le monde et la moitié des écoles des pays les moins développés n'ont aucun endroit où les enfants peuvent se laver les mains.
Education
Nous sommes inquiets pour leur éducation. Plus de la moitié des élèves du monde entier ont été touchés par des fermetures d'écoles dans au moins 120 pays.
Nous espérons que la plupart de ces élèves reprendront leurs études dès que la situation s'améliorera. Cependant, nous savons par expérience que pour les enfants vulnérables, plus ils restent loin de l'école, moins ils ont de chances d'y retourner.
Ces fermetures ne limitent pas seulement l'accès à l'apprentissage, mais aussi à la nutrition scolaire, aux programmes de santé, à l'eau potable et à des informations précises.
C'est pourquoi UNICEF travaille avec les ministères de l'Education du monde entier pour identifier d'autres possibilités d'apprentissage, que ce soit des cours en ligne ou des programmes de radio et de télévision.
Nous avons également publié des directives, avec l'OMS et la FICR, pour conseiller les parents, les enseignants, les administrateurs scolaires et d'autres personnes sur la manière de maintenir l'apprentissage des enfants tout en assurant leur sécurité.
Protection
Nous nous soucions de la protection des enfants. Nous savons, grâce aux précédentes urgences sanitaires, que les enfants sont davantage exposés à l'exploitation, à la violence et aux abus lorsque les écoles sont fermées, que des emplois sont perdus et que la liberté de mouvement est restreinte.
Par exemple, les fermetures d'écoles lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest de 2014 à 2016 ont entraîné des pics dans le travail des enfants, la maltraitance, les abus sexuels et les grossesses d'adolescentes.
Nous sommes inquiets quant à leur accès aux services de santé de base, notamment la vaccination et le traitement des maladies infantiles. Nous ne pouvons pas sauver un enfant du COVID-19, pour ensuite en perdre beaucoup à cause de la pneumonie, de la rougeole et du choléra.
Santé mentale
Nous sommes inquiets pour leur santé mentale. Les enfants et les jeunes passent à côté de certains des meilleurs moments de leur jeune vie - discuter avec des amis, participer à des cours et faire du sport. Cela augmente l'anxiété et peut entraîner des changements de comportement. Nous avons publié des conseils à l'intention des parents, des enseignants, des enfants et des jeunes pour les aider à faire face à ces moments difficiles. La dépression et la santé mentale sont bien réelles et touchent un tiers d'entre nous.
Situations de conflit et déplacement
Nous sommes particulièrement inquiets pour les millions d'enfants en déplacement ou vivant des conflits. Pour eux, les conséquences de cette pandémie seront sans précédent. Ces enfants vivent dans des conditions de surpopulation, souvent dans des zones de guerre, avec un accès limité ou inexistant aux soins de santé. Une famille de six, huit, dix ou douze personnes peut vivre dans une seule pièce. L'auto-isolement et le lavage des mains au savon ne seront pas faciles dans de tels environnements.
C'est pourquoi le financement de ce plan d'intervention humanitaire mondial pour le COVID-19 est si essentiel.
Besoins financiers
UNICEF à lui seul lance un appel de 405 millions de dollars US pour notre intervention dans les pays en situation d'urgence. Nous demandons également 246,6 millions de dollars supplémentaires pour notre intervention dans les pays non urgents.
Notre appel total s'élève donc à 651,6 millions de dollars US.
Avec le soutien de la communauté internationale, nous pouvons, ensemble, renforcer les plans de préparation et d'intervention dans les pays dont les systèmes de santé sont plus faibles.
Nous pouvons accélérer l'accès à des services de lavage des mains et d'assainissement appropriés.
Nous pouvons étendre notre engagement auprès des communautés pour leur fournir les informations dont elles ont besoin pour éviter la contagion.
Nous pouvons maintenir un flux constant d'équipements de protection individuelle - tels que blouses, masques, lunettes et gants - pour soutenir la prévention et le contrôle des infections tout en assurant la sécurité de nos travailleurs de la santé, qui sont essentiels et qui travaillent dur.
Et nous pouvons continuer à travailler avec les gouvernements pour renforcer les services de protection, le soutien psychosocial et les possibilités d'apprentissage à distance pour tous les enfants, et en particulier pour les enfants les plus vulnérables, » a déclaré aujourd’hui Henrietta Fore, directrice générale d’UNICEF.
En France
« En France, UNICEF se mobilise auprès des pouvoirs publics pour s’assurer que l’impact de la crise sanitaire sur les enfants est bien pris en compte dans les décisions liées à la crise. Les enfants vulnérables, tels les enfants isolés, les enfants à la rue ou mal logés sont particulièrement impactés, et une attention particulière doit être portée à leur situation par les autorités. UNICEF France est en train de mettre en place un soutien opérationnel aux associations de terrain partenaires qui travaillent auprès de ces publics, pour les aider à poursuivre ou adapter leurs activités dans cette période complexe. Nous allons également acheminer en France pour le personnel soignant plusieurs dizaines de milliers de masques et blouses intégrales de protection. Toutes ces actions ne pourront se faire qu’avec le soutien de nos donateurs individuels et des entreprises partenaires d’UNICEF », ajoute Sébastien Lyon, directeur général d’UNICEF France.
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2- En Afrique, la pandémie qui s’étend s’annonce dramatique
Alors que le continent ne comptait que quelques cas, situés en Afrique du Sud pour la plupart, les autorités sanitaires mondiales ont appelé l’Afrique à "se réveiller" face à la menace du nouveau coronavirus, soulignant que le continent devait se préparer au "pire". "Le meilleur conseil pour l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui", avait lancé le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse virtuelle. Lire la suite
Publié le 25/03/2020 à 05:07 , mis à jour à 05:27
L’Afrique semblait jusqu’ici moins touchée par la propagation du COvid-19 que les autres régions du monde. Ces pays semblaient épargnés, mais ils risquent en réalité d’être les plus durement touchés.
Alors que le continent ne comptait que quelques cas, situés en Afrique du Sud pour la plupart, les autorités sanitaires mondiales ont appelé l’Afrique à "se réveiller" face à la menace du nouveau coronavirus, soulignant que le continent devait se préparer au "pire". "Le meilleur conseil pour l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui", avait lancé le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse virtuelle.
Selon le bilan le plus récent, évidemment amené à évoluer, le continent africain comptait un peu plus de 1 000 cas de coronavirus et 26 morts dans 40 pays. L’Ouganda et l’Erythrée ont rejoint la liste des pays africains qui ont annoncé le week-end dernier leurs premiers cas, tandis que la Tanzanie, l’Ethiopie, Maurice et le Kenya faisaient état de cas supplémentaires. Déjà, en Afrique subsaharienne, de nombreux gouvernements ont interdit des rassemblements publics et fermé écoles, églises, mosquées, restaurants, bars et aéroports voire certaines frontières. Depuis lundi minuit, le président sénégalais Macky Sall a déclaré "l’état d’urgence" sur l’ensemble du territoire national, assorti d’un couvre-feu de 20 heures à 6 heures du matin, alors que le coronavirus gagne du terrain. "L’heure est grave", a expliqué le président devant ses compatriotes.
Un manque flagrant de moyens
Mais pour une majorité de ces pays africains, pour contenir l’épidémie, la question des moyens se pose. Pas ou très peu de tests, alors que les experts sont tous unanimes pour vouloir détecter le maximum de personnes quand l’épidémie commence juste à se propager. Or, selon les ONG sur place, il faudra attendre que l’épidémie soit endiguée en Europe et aux Etas-Unis pour l’Afrique puisse à son tour bénéficier des précieux tests.
Même si l’expérience de l’Afrique face à d’autres épidémies (Ebola, rougeole ou encore choléra) est un atout aujourd’hui pour lutter contre le coronavirus, les hôpitaux africains manquent cruellement de lits de réanimation et de respirateurs mécaniques – en moyenne 20 fois moins qu’en France, quand il y en a – et quant aux protections (masques, gants, lunettes, surblouses…) pour le personnel médical, les services de santé n’ont assurément pas le stock nécessaire. Un espoir peut-être : l’Afrique possède un stock important de médicaments anti-paludéens comme la chloroquine actuellement en test en Occident.
Des hôpitaux sous-équipés, déjà engagés dans lutte des autres épidémies, la propagation du virus, due à des conditions de vie difficiles, demeure l’une des principales préoccupations des ONG sur place. Comment adapter les gestes barrières à ce continent, quand une famille entière dort dans la même pièce ? Comment se laver régulièrement les mains – et avec du savon – quand des villages et des quartiers de grandes villes n’ont pas accès à l’eau courante ? Quant au confinement de la population, pour beaucoup, plus de travail signifie absence de revenus, car contrairement à la France, beaucoup d’états africains n’ont pas la possibilité de prendre des mesures de chômage partiel, par exemple.
Selon les ONG et notamment MSF, l’Afrique ne pourra s’en sortir sans l’aide de l’Europe et des Etats-Unis, déjà englués dans cette crise sanitaire. Et pourtant, préviennent-elles, outre un désastre humain et humanitaire considérable pour l’Afrique, si l’épidémie n’est pas endiguée sur le continent, elle réapparaîtra à coup sûr à nos frontières.