Interview avec Mamadou Mignane Diouf- Coordonnateur du Forum social sénégalais Directeur de la Radio citoyenne panafricaine

1.    Pouvez-vous nous présenter la Radio citoyenne panafricaine ?
La Radio citoyenne panafricaine, est une initiative des mouvements sociaux sénégalais et africains, qui, à un moment donné de leur existence, ont jugé opportun de disposer d’un outil d’information pour combler le vide communicationnel dans leurs activités où ils étaient souvent obligés de faire appel à d’autres radios, dont la prestation restait encore à faire. Cette initiative a rencontré l’adhésion, et le soutien de la Fondation Rosa Luxemburg qui a bien voulu nous accompagner ; elle s’appelle donc la RADIO CITOYENNE PANAFRICAINE ; il s’agit d’une radio Communautaire Alternative.  


En effet, le Projet de la radio Communautaire Citoyenne Panafricaine, trouve son origine dans le vide conceptuel, et programmatique que nous avons constaté dans le paysage médiatique au Sénégal, malgré la floraison des radios- télévisions, mais qui semblent faire la même chose, dans le contenu, aussi bien que dans la forme.
2 . Qu’est-ce qui vous a motivé à créer une telle radio web ?
ü  Malgré la richesse du paysage médiatique au Sénégal, avec la multitude de radios-télé, il n’y pas suffisamment de contenus d’éducation citoyenne, d’éducation à la paix, à la solidarité et à la protection de l’environnement, malgré les effets connus des changements climatiques
•    Les Mouvements sociaux et les Organisations Non Gouvernementales qui travaillent et militent pour un monde de paix, de justice, de démocratie participative, sont toujours obligés de faire appel à des radios, qui ne privilégient pas ces questions citoyennes et de développement humain durable dans leur travail et sur leur ligne rédactionnelle,
•    Il y a eu donc un vide noté en terme de radio citoyenne éducative pour des Alternatives de développement et pour une information éducative et de transformation des esprits et des comportements, dans un monde de plus en sectaire, divisé, violent, et individualiste aux conséquences fâcheuses ;
•    Tout le monde (y compris les décideurs de l’Etat qui attribue les fréquences et les autorisations) se plaint de la monotonie des programmes radiophoniques, et des contenus très faibles en terme d’éducation civique et citoyenne des radios de la place ;
•    Il s’agit de défis de rupture, et de changement dans les contenus et les lignes rédactionnelles des médias au Sénégal et en Afrique dans l’idéal de bâtir des sociétés plus justes, et de former des citoyens plus engagés dans la vie des Communautés et dans les programmes et projets de développement, mais aussi dans la gouvernance et le contrôle citoyen. Nous sommes donc partis de ces constats pour asseoir une alternative communicationnelle. Dans un monde de crises multisectorielles, un monde de conflits, de mouvements migratoires des populations, en plus des changements climatiques, une autre communication s’impose ; et c’est cela qui nous a inspiré en initiant ce projet avec la Fondation Rosa Luxemburg.
•    Il s’agit en gros, d’une Radio citoyenne qui privilégie l’éducation citoyenne, le développement durable, la défense des droits des populations vulnérables, la gestion du cadre de vie, les droits à l’alimentation et à l’eau, à la santé, à l’éducation, et la liberté de circulation.  Une radio citoyenne panafricaine, pour une communication alternative qui ne fonctionne pas sur le sensationnel politique, les querelles politiques et crypto personnelles, etc. Car le paysage médiatique au Sénégal, comme un peu partout en Afrique, est un paysage médiatique dont le contenu mérite d’être changé, pour renforcer l’éducation des populations, mais aussi pour un meilleur contrôle citoyen des politiques et des pratiques de gouvernance.       
3. Comment compter vous relever ces défis ?
Le contexte dans lequel nous sommes, est un contexte difficile avec une géopolitique de conflits, de guerres, et de crises de toute sorte. Avec la mondialisation, les défis sont énormes, et variés. En plus, le paysage médiatique est très large, mais avec un contenu qui reste à revoir. Voilà pourquoi, nous constatons qu’il y a de nombreux défis à relever ; des défis de contenu communicationnel, des défis de ligne rédactionnelle, des défis de moyens et d’excellence. Au vu de tout cela, nous pensons que pour relever ces défis, il nous faut surtout nous armer de patience, de tolérance, et d’abnégation dans la démarche ; tout en travaillant en équipe, dans un esprit d’ouverture citoyenne, de participation et d’une façon inclusive.  Il s’agit d’une démarche fondée sur l’engagement citoyen, la détermination militante, la motivation personnelle et collective, etc. Nous sommes conscients de la lourdeur de la tâche et des difficultés qui nous attendent dans des habitudes informationnelles basées sur la routine, et le show, et non sur l’éducation et la formation citoyenne. Mais nous sommes sûrs d’y arriver, avec le soutien de la Fondation Rosa Luxemburg.
4   Quels sont vos objectifs et qui sont vos cibles ?
Au vu de tout ce qui précède, nos objectifs sont notamment de : Lancer et promouvoir une radio citoyenne Alternative  qui met l’accent sur l’éducation des populations, pour de réels changements de comportements dans nos sociétés, facilités par une communication alternative et une information qui aide à prendre part aux politiques de développement,  qui contribue à l’engagement citoyen , et donc à changer les comportements et les pratiques politiques dans la gouvernance et dans la gestion du cadre de vie. Former des acteurs de la communication qui s’engagent avec nous, pour une promotion d’une communication alternative et éducative, afin que le paysage de la communication renoue avec les réelles valeurs de la radio surtout dans un monde des réseaux sociaux  
5. Comment cette radio peut-elle contribuer à renforcer la citoyenneté du Sénégalais?
La radio citoyenne panafricaine en tant qu’outil d’information et de communication, a basé sa ligne éditoriale sur l’éducation citoyenne, pour la promotion d’une citoyenneté active et responsable ; une citoyenneté qui s’engage et participe aux politiques de développement, aux programmes et projets de nos pays et du système des nations Unies.
Notre radio citoyenne compte donc contribuer à l’émergence d’une nouvelle citoyenneté active et responsable par un programme qui passe par :
•    Une série d’émissions éducatives qui mettent l’accent sur les enjeux et les défis sécuritaires ; ü  la formation de la jeunesse, et le renforcement des capacités citoyennes des acteurs sociaux et de développement, à travers les tissus associatifs, ( OSC/ ONG/ OCB/ CENTRALES SYNDICALES/ ORGANISATIONS DE FEMMES , DE JEUNES, DE PRODUCTEURS ; etc ;
•    Des documentaires et reportages thématiques qui sensibilisent les populations sur des questions comme le cadre de vie, la protection de l’environnement ; la migration et la liberté de circulation ; la souveraineté alimentaire, le droit à l’eau et à l’assainissement ; la promotion des droits humains fondamentaux etc. ;
•    Des émissions de débats –échanges inter actifs, avec les populations, les décideurs, les élus locaux, et les partenaires techniques ;
•    Un programme pluriel et inclusif qui permet aux auditeurs de se parler en parlant aussi aux gouvernants ;
•    Enfin en faisant des jonctions avec d’autres radios dans la sous-région ouest africaine, au Mali, au Niger, au Burkina, en Gambie, en Guinée, en Sierra Léone, etc., afin d’aller vers la mise en réseau des radios Communautaires Alternatives ; pour une communication alternative.
6. Pensez-vous un jour créer une télé citoyenne panafricaine ?  
Ah, oui, nous nourrissons cette ambition d’aller vers une télévision citoyenne panafricaine, et même à un Groupe de presse (Groupe de Presse citoyenne Panafricaine) (GPCP). Dans un proche avenir, nous verrons avec notre partenaire stratégique, la Fondation Rosa Luxemburg, comment aller vers une mutation, un élargissement vers la télé ; et là nous allons bouleverser le paysage médiatique, avec une nouvelle façon de faire, de communiquer, et d’informer.  Nous comptons beaucoup sur l’accompagnement de la Fondation Rosa Luxemburg avec qui, nous partageons des choix de démocratie, de défense des droits humains et de la protection des couches vulnérables.
Ibrahima Thiam RLS  

ONG PAEDD - Copyright Tous droits réservés