TUNISIE : l’État va renvoyer plus 120 tonnes de déchets dangereux vers l’Italie

La douane tunisienne a saisi 70 conteneurs en provenance d’Italie, contenant 120 tonnes de déchets, notamment des déchets hospitaliers. Suite au tollé provoqué par la médiatisation de cette importation illégale, le ministère tunisien de l’Environnement a annoncé l’ouverture d’une enquête qui devra aboutir au renvoi de ces déchets vers leur source.

L’affaire des « déchets importés d’Italie » défraie la chronique en Tunisie. Dans une récente sortie, le ministère des Affaires locales et de l’Environnement a réagi, indiquant qu’une réunion multipartite a été dédiée à cette affaire pour aboutir à la décision de refuser tous les nouveaux conteneurs et de rendre à la source toutes les quantités précédemment importées. Le ministère qui avoue ne pas délivrer de licence pour l’importation des déchets de l’étranger annonce par ailleurs l’ouverture d’une enquête afin d’établir les responsabilités dans cette affaire qui passe pour un scandale.

Les précisions du gouvernement interviennent au lendemain de la diffusion sur une chaîne de télévision privée d’un reportage d’investigation, faisant savoir, que 70 conteneurs de déchets en provenance d’Italie avec 120 tonnes d’ordures comprenant des déchets hospitaliers ont été saisis, à leur arrivée au port de Tunis. Et selon la même source, plus de 200 autres conteneurs seraient encore en attente dans le port de Sousse, en provenance d’Italie. L’entreprise tunisienne à l’origine de cette importation avait conclu un accord avec une société italienne pour l’importation de 120 000 tonnes de déchets par an, en raison de 48 euros par tonne. Le montant total du marché est de l’ordre de 18 millions de dinars par an. L’affaire a été découverte par les services douaniers depuis juillet 2020, mais ce n’est qu’après sa médiatisation que le gouvernement a décidé de s’en saisir.

L’Afrique demeure un dépotoir de déchets dangereux venus de l’occident

L’importation des déchets est en effet interdite en Tunisie. Le pays d’Afrique du Nord est signataire de plusieurs conventions internationales concernant les déchets. Il s’agit surtout de la Convention de Bale sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, adoptée depuis le 22 mars 1989, et la Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvements transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en Afrique.

Comme la Tunisie, beaucoup d’autres pays africains ont reçu de déchets dangereux en provenance d’Europe ces derniers mois. En juin 2020, trente-quatre personnes ont été interpellées en Espagne, pour avoir tenté d’exporter frauduleusement 2 500 tonnes de déchets électroniques vers huit pays africains, dont le Nigéria. Ce pays d’Afrique de l’Ouest est devenu coutumier du fait, avec l’importation, entre 2015 et 2016, d’environ 16 900 tonnes de déchets électroniques en provenance d’Europe.

Boris Ngounou

 

 

 

Protection des ouvrages, Obstruction des canalisations…: la police de l’assainissement bientôt opérationnelle   

4 novembre 2020

La Police de l’Assainissement sera bientôt fonctionnelle, d’après le Directeur de l’Assainissement, Docteur Ababacar Mbaye. Après la prestation de serment d’une trentaine d’agents devant les tribunaux régionaux, d’autres ont entamé, hier, une formation de 5 jours pour permettre une meilleure application du code de l’assainissement.

Pour la mise en application des dispositions du code de l’assainissement, la Police de l’assainissement démarrera bientôt ses activités. Cette Police permettra une meilleure gestion des ouvrages d’assainissement. L’annonce a été faite par le Directeur de l’Assainissement, Ababacar Mbaye, qui présidait, hier, un atelier de renforcement de capacités des agents chargés de veiller à l’application du code de l’assainissement. « Ce sont des agents issus de plusieurs secteurs qui constitueront cette police qui sera bientôt opérationnelle », a révélé Dr Ababacar Mbaye.  Il a rappelé qu’il y a eu une formation, en 2017 avec une trentaine d’agents qui ont prêté serment devant les tribunaux régionaux, ce qui leur confère le statut d’agents assermentés. Il ne reste qu’à démarrer la phase pratique sur le terrain, indique M. Mbaye. Les autres agents vont prêter serment dans les 14 régions.
Pour ce, la Direction de l’Assainissement a ouvert, ce lundi à Diamniadio, une formation de 5 jours sur le renforcement de capacités des agents multisectoriels. Les agents de la Police judiciaire, d’autres fonctionnaires participent aussi à la session de formation de 5 jours dirigée par le magistrat à la Cour Moustapha Kâ.L’objectif de la Police de l’assainissement, poursuit Dr Ababacar Mbaye, c’est surtout de prévenir les mauvais comportements contre les ouvrages d’assainissement, notamment l’obstruction, la destruction des réseaux d’égouts.

Sanctions

Il s’agira aussi de voir comment mettre en exergue les bons comportements des populations mais aussi des acteurs. Les agents de la Police de l’assainissement vont créer le cadre pour la protection des ouvrages d’assainissement. «Les agents peuvent faire des constations, des procès verbaux à déposer au niveau de la Police judiciaire qui a la responsabilité de sanctionner», explique le Directeur de l’Assainissement. Ce dernier rappelle que ces sanctions sont énumérées dans le code de l’assainissement (articles L104 à L106). Il s’agit de sanctions pécuniaires mais aussi pénales pour contrecarrer les mauvais comportements sur les ouvrages d’assainissement ; mais aussi contre les rejets anarchiques des eaux usées sur la voie publique mais aussi dans le milieu naturel, «qui constituent des infractions à condamner».
Au plan institutionnel, cette structure est prévue parce qu’avec l’arrêté portant organisation de la Direction de l’assainissement, il y a la Division contrôle et suivi. Au sein de cette  division, renseigne M. Mbaye, il y a le bureau de la police de l’assainissement qui va essayer de fédérer les actions à mener par l’ensemble des agents assermentés. En plus des structures techniques des ministères, ceux des Collectivités territoriales seront impliquées dans la démarche.  Au nom des chefs de Division régionale de l’Assainissement, celui de Kaffrine, Ismaila Dramé a magnifié cette formation qui permettra aux agents de mieux connaître le code de l’assainissement. «On est obligé d’appliquer ce code au quotidien. Il est important d’avoir les éléments du code», affirme Ismaila Dramé. Ce dernier a souhaité l’obtention de cartes de police d’assainissement pour les agents.

Oumar KANDE

 

 

 

 

 

Pour un front uni contre le paiement des dettes illégitimes publiques et privées

4 novembre par CADTM International

  

 

Depuis le début de l’année 2020, la pandémie de Covid-19 a tragiquement aggravé les conditions de vie de la majorité de la population mondiale. Jamais réellement remis de la crise des subprimes en 2007-2008, le système économique se délite à mesure qu’il poursuit sa déconnexion de l’économie réelle.

En 2018 déjà, l’ancienne directrice générale du FMI Christine Lagarde déclarait que « Les niveaux d’endettement atteignent des sommets dans les pays avancés, les pays émergents et les pays à faible revenu […] la dette mondiale, tant publique que privée, s’élève aujourd’hui à un record historique de 182 000 milliards de dollars, près de 60 % de plus qu’en 2007 […] Les pays émergents et les pays en développement en ressentent déjà les premiers effets. ».

2 ans plus tard, sous l’effet du brutal du ralentissement d’une économie mondiale aussi malade que fragile, la situation atteint des niveaux inédits. Dans les pays du Nord, le niveau global de la dette publique a dépassé les 120 % du PIB. Au Sud, plus d’un pays sur cinq est en situation de surendettement et près de 15 % sont en défaut de paiement partiel ou total. D’après l’OIT, près de 300 millions d’emplois formels ont été détruits en l’espace de quelques mois dans ces régions. D’après la Banque mondiale d’ici la fin d’année 2020 en conséquence directe de la Covid-19, l’extrême pauvreté touchera entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires et plongera près de 270 millions de personnes supplémentaires en situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Malgré l’urgence de la situation, les appels à l’aide des populations, de certains chefs d’État et les mobilisations coordonnées des organisations de la société civile, les grands discours des IFI et des institutions internationales n’ont pas été suivi d’effets. Les mesures prises au printemps et en automne par le FMI, la Banque mondiale et le G20 peuvent de nouveau se résumer ainsi : « too little, too late ». « Too little / trop peu », en ce qui concerne le nombre de pays concernés (à peine 50 % des PED), sans aucune annulation de dette, et sans effort des créanciers privés ; et « too late / trop tard », pour une majorité des pays concernés les mesures annoncées en avril n’ont été appliquées qu’à partir d’août/septembre. En conséquence, la Zambie ne semble être que le 1er d’une longue liste à venir de pays à se déclarer en défaut de paiement dans les prochaines semaines.

Près de quatre décennies après le début de la dernière grande crise de la dette du tiers-monde, on se dirige vers une nouvelle catastrophe humanitaire. Les IFI et les institutions internationales ne veulent pas abandonner les politiques qui ont conduit à cette situation extrêmement grave.

 

Pire, le FMI, comme toujours, conditionne son intervention à l’application de plans d’ajustement structurel, conformément à son historique action anti-sociale, pro-néolibérale. Malgré son impact néfaste sur les conditions de vie de 85 % de la population mondiale, les 3 000 milliards $US de dette publique externe des pays du Sud pèsent bien peu face aux 5 000 milliards de $US débloqués rien qu’aux États-Unis et en Europe, et face à l’ensemble de la dette mondiale.

En somme, avec de la volonté politique, l’annulation totale de la dette des pays en développement est possible.

 

Puisque les créanciers officiels et privés ne sont disposés à agir dans l’intérêt général, nous appelons les pays du Sud à exercer leur droit et à procéder à une suspension du paiement de leur dette en invoquant 3 arguments ô combien légitimes en cette période : le « changement fondamental de circonstance » depuis le début de la pandémie mondiale, « l’état de nécessité » face aux indispensables dépenses sanitaires et sociales supplémentaires dans un contexte de crise économique, et la « force majeure » étant donnée la situation de surendettement dans laquelle ils se retrouvent. Pour se protéger des représailles déjà proférées par les créanciers privés, nous appelons les pays du Sud à constituer un front uni contre le paiement et pour la répudiation de ces dettes illégitimes.

Par ailleurs, la pandémie de Coronavirus frappe une part toujours croissante de la population et les mesures de confinement aggravent le chômage, la diminution des revenus, la précarité, la hausse des prix des produits alimentaires et des services de base. Les licenciements massifs des salarié.e.s et la faillite des microprojets et autres petites activités de subsistance se généralisent. La majorité des ménages populaires ont aujourd’hui de grosses difficultés pour subvenir à leurs besoins quotidiens élémentaires alors que leurs dépenses augmentent pour se prémunir contre le Covid-19 eu égard au système de santé public démantelé par des décennies de politiques libérales en faveur du secteur privé depuis 1980. Aujourd’hui, des centaines de millions de personnes de couches populaires surendettées, dont une grande partie sont des femmes, se retrouvent dans l’incapacité de rembourser leurs prêts et supporter les taux d’intérêt très élevés imposés par les institutions de la microfinance (microcrédits) ainsi que par les établissements de crédit à la consommation et les banques. Ce surendettement concerne également les paysan.ne.s et agriculeur.ice.s forcés d’appliquer une exploitation intensive et destructrice par l’intermédiaire d’un investissement massif en machines et en intrants fossiles ; principalement des femmes qui sont dans l’impossibilité de rembourser des micro-crédits ; aux locataires incapables de payer des logements surévalués par pure spéculation immobilière ; aux étudiant-e-s dont l’avenir professionnel et personnel est sacrifié afin de rembourser des prêts contraire aux droits humains ; ou encore à tou-te-s celles et ceux obligé.e.s de recourir aux crédits à la consommation pour répondre à des dépenses de premières nécessités dans un contexte de néolibéralisation toujours plus agressive ne profitant qu’aux plus nantis.

Les tragédies sociales de larges couches populaires qui résultent de leur endettement bancaire alors qu’une minorité de spéculateurs dans le secteur financier s’enrichit, rendent ces dettes privées illégitimes. Elles sont aussi illégales par les vices contractuels.

Nous appelons à une mobilisation citoyenne et sociale (individus, associations, organisations, mouvements autonomes, réseaux…) pour enquêter sur les différentes formes de pillage et abus commis par les institutions de microcrédit, de crédit à la consommation et les banques contre leurs victimes, et à scruter les fondements illégitimes et illégales qui nécessitent l’annulation des dettes privées des ménages pauvres.

Cette mobilisation nécessaire pour l’annulation des dettes privées illégitimes sera une composante du un mouvement global pour l’annulation des dettes publiques illégitimes.

 

 

 

 

 

 

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'INITIATIVE POUR L'ANNULATION DE LA DETTE PUBLIQUE AFRICAINE

FICHE TECHNIQUE

 

Introduction :

La pandémie au coronavirus a plongé l’économie mondiale dans une  Avec la COVID19, une récession économique sans précédent. De l’avis de  nombreux spécialistes, tous les pays du monde  vont faire face à une situation très difficile avec le double défi de devoir répondre aux demandes sociales des populations et celui de vouloir relever les secteurs économiques les plus stratégiques.

Dans cette situation, les pays africains figurent parmi les plus touchés par cette récession qui n’a pas encore révélé toutes ses facettes.

Il urge donc de trouver des solutions aux nombreuses difficultés auxquelles le monde fait déjà face et notamment en Afrique.

 

C'est dans ce cadre qu’une Initiative a été  lancée pour réclamer une annulation de la dette publique des pays africains, afin de mieux faire face aux lourdes conséquences de la COVID19 en orientant les dépenses liées au service de la dette à la satisfaction des demandes sociales des populations.

Cette Initiative lancée à partir du Sénégal, a rencontré  l’adhésion de nombreuses personnalités et leaders   Organisations  en Afrique et dans le monde.

Le Comité d’Initiative qui a été reçu en audience par le Chef de l’Etat, le Président Macky Sall, est en train de rencontrer des Institutions étatiques, patronales et sociales qui adhèrent  toutes à la démarche.

C’est dans cette logique qu’il est retenu une assemblée générale d’information et de partage avec toutes les organisations faitières et communautaires de base afin de faire le point sur la démarche et envisager dans une seconde étape, un maillage au niveau national, à travers les Départements, les Communes et les villes/ villages où les différents groupes d’acteurs en coalition pourraient porter et animer la campagne pour l’annulation de la dette des pays africains en relations le reste du continent , voire du monde .

Cette Assemblée générale se tient le Samedi 07 Novembre  2020 de 10h à 13h 30  au CICAD   Diamniadio.

Objectif général de l'assemblée

Réunir et mettre à niveau tous les signataires de la pétition, et  toutes les Organisations socio- politiques, économiques, culturelles et scientifiques  en Assemblée générale d’information,  de partage et d’implantation  de l’Initiative au niveau national.

Objectifs spécifiques

- OS1 : Partager les informations et les documents provisoires de travail du Comité d’Initiative de base (plan d'action et document plaidoyer, budgets, etc,)

-OS2 : Proposer et adopter  un schéma d’implantation et  d’organisation/ massification de l'Initiative au  niveau national avec toutes  les familles d'acteurs et les autres Organisations/ personnalités qui ont exprimé une volonté de participer à l'Iada

-OS3 : Stabiliser une proposition d'agenda  d’implantation, en accord avec les Organisations faitières représentées à travers dans les Régions, les Départements, les Communes, les Universités, les Écoles, etc, où des Antennes et Comités/ Coalitions pourraient être installés)

Résultats attendus :

Au terme de cette  rencontre, les résultats suivants sont attendus :

  • Une Assemblée générale d’information et de partage avec tous –toutes les signataires de l’Appel et les Organisations faitières et communautaires de base a eu lieu ;
  • Les documents et les outils provisoires disponibles sont partagés avec les participants
  • Un schéma d’implantation au niveau national est adopté et sera mis en œuvre à travers un agenda retenu d'un commun accord et qui sera lancé dès que les conditions le permettent selon la maîtrise de la pandémie.

Participant-es :

Les participants-es  à cette Assemblée générale sont essentiellement :

Les premiers –es signataires de l’Appel et de la pétition,

Les Organisations sociales, politiques, économiques, culturelles, religieuses et de recherche

Les Organisations sociales, politiques, économique,  culturelles et de recherches

Les Organisations de femmes, de jeunes, de sportifs, de producteurs,  de personnes vivant avec un handicap,

Les Institutions Universitaires, les ONG, etc,

Les Représentants-es des Institutions de la République, etc,

Les militantes et militants de l’annulation de la dette des pays du Tiers –monde

Etc,

Méthodologie :

Dans le contexte de la pandémie, l'Ag se tiendra en présentielle pour un nombre de participants et  élargi en  visioconférence, dont le lien de participation sera diffusé au moins deux  jours avant. La réunion se tiendra le 07 NOVEMBRE 2020 A 10H, au Centre International de Conférence Abdou Diouf de Diamniadio. (CICAD).

Les dispositions techniques et logistiques seront prises dans ce sens par les organisateurs. La presse nationale et internationale sera invitée à suivre les travaux de l’Assemblée générale, en présentielle ou à distance selon les choix que chaque Groupe de presse ou Organe aura choisi.

Le COMITE D'INITIATIVE

 

 

ATLANTIQUE : DE NOUVEAUX DRAMES AU LARGE DU SÉNÉGAL ET DES CANARIES

 6 novembre 2020

Plusieurs naufrages se sont succédé au large des côtes sénégalaise et mauritanienne vers les Canaries espagnoles depuis la fin du mois d’octobre 2020. La vision sécuritaire des frontières et la coopération entretenue par l’UE et les Etats africains n’est pas la solution.

Plusieurs naufrages se sont succédé au large des côtes sénégalaise et mauritanienne vers les Canaries espagnoles depuis la fin du mois d’octobre 2020. Le 23 octobre, une pirogue a chaviré au large du Sénégal, provoquant la disparition de 140 personnes sur les 200 à bord, ce qui en fait aujourd’hui le naufrage le plus dramatique de l’année –parmi ceux dénombrés- selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

 

Bien que l’OIM parle d’une « considérable augmentation » du nombre de départs vers les Canaries ces dernières semaines[1] ou que le Ministre de l’intérieur espagnol indique une augmentation de 500% des arrivées au 30 septembre par rapport à 2019[2] (6081 personnes), ces chiffres doivent être relativisés. Pour 2020, il devrait effectivement y avoir une augmentation des arrivées puisqu’à fin octobre, le nombre d’arrivées est proche de celui sur l’ensemble de l’année 2019. Toutefois, les arrivées en Espagne ont diminué de plus de la moitié entre 2018 et 2019 par exemple[3]. Les chiffres sont donc à prendre avec précaution. A ce sujet, Eva Ottavy, responsable des Solidarités Internationales à La Cimade, répondait dans un entretien à Mediapart, début novembre[4].

 

Par ailleurs, en 2006, plus de 30 000 personnes étaient arrivées aux Canaries. L’Union européenne et ses Etats membres, dont l’Espagne en particulier, avaient répondu en signant plusieurs accords avec la Mauritanie et le Sénégal. C’est également à ce moment que l’opération de l’agence européenne Frontex, Héra, fût lancée afin de mener des patrouilles conjointes entre Frontex et les forces mauritaniennes et sénégalaises. Cette opération, toujours active, a pour objectif la surveillance et le contrôles des frontières afin d’intercepter les embarcations au départ du Sénégal et de Mauritanie.

 

Aujourd’hui, l’Union européenne continue de soutenir le Sénégal et la Mauritanie dans les interceptions des embarcations et met l’accent sur les interpellations de « passeurs » présumés et leur traitement judiciaire à travers le soutien à la Division nationale de lutte contre le trafic des migrants  au Sénégal[5] ou encore le soutien de la réforme de la loi contre le trafic en Mauritanie[6]. Cependant, l’accès à un procès équitable n’est pas toujours garanti et peu ont accès à un·e avocat·e. Les personnes migrantes elles-mêmes sont parfois poursuivies soit pour « trafic », soit, et ce à l’encontre du droit international, pour sortie irrégulière du territoire.

A Nouadhibou en Mauritanie, l’Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH)* défend ainsi des personnes poursuivies pour « franchissement irrégulier d’une frontière ». Au Sénégal, le Réseau migration développement (REMIDEV)* a publié un communiqué de presse suite aux naufrages, avec le collectif Lu Waral lii (« Pourquoi tout ceci » en wolof) pour dénoncer la criminalisation des jeunes sénégalais·e·s et la stigmatisation des personnes migrantes[7].

 

Par ailleurs, les conditions d’accueil sur les îles Canaries ne sont pas remplies[8] et les expulsions semblent être une des réponses apportées par les autorités espagnoles avec le soutien de l’UE[9]. En effet, les centres de rétention, fermés sur les îles Canaries jusqu’alors à cause de la pandémie COVID 19, devaient rouvrir fin septembre 2020[10].

 

La vision sécuritaire des frontières et la coopération entretenue par l’UE et les Etats africains n’est pas la solution. Le renforcement des contrôles sur telle ou telle route migratoire pousse à des stratégies d’adaptation et au contournement de ces derniers. Les personnes se retrouvent alors sur des routes plus longues, plus dangereuses et dans l’obligation de passer par des intermédiaires peu scrupuleux. C’est à un changement de paradigme auquel les Etats de chaque côté des frontières devraient aspirer pour plus d’égalité, de solidarité et de protection des populations.

 

 

Ces inquiétantes projections sur la dette publique

  Le spécialiste des finances publiques François Ecalle montre à quel point le redressement des comptes sera ardu d'ici à 2030 malgré les taux bas.

 Par Marc Vignaud

Modifié le 15/10/2020 à 11:01 - Publié le 14/10/2020 à 15:27 | Le Point.fr

PROFITEZ DE VOTRE ABONNEMENT À 1€ LE 1ER MOIS !

« Il n'y aura pas d'augmentation d'impôts. » Cette ligne de conduite, martelée par le gouvernement, sera très difficile (si ce n'est impossible) à tenir après 2022. Sauf à laisser la dette publique, qui devrait déjà atteindre 117,5 % du PIB à la fin de l'année sous l'effet de la crise du coronavirus, exploser. Tel est l'enseignement de l'expert des finances publiques François Ecalle, magistrat de la Cour des comptes en disponibilité, dans son dernier billet sur son site spécialisé Fipeco. L'homme n'est pas n'importe qui puisque c'est lui qui a supervisé pendant des années le rapport annuel sur les perspectives des finances publiques de la Cour des comptes, une référence.  Sa démonstration est limpide. François Ecalle présente l'évolution du déficit et de la dette publics jusqu'à 2030 dans le cas où il n'y aurait aucune augmentation d'impôts. Pour cela, il s'appuie sur plusieurs scénarios de croissance et d'évolution des dépenses publiques entre 2025 et 2030, quand s'arrêtent les prévisions du gouvernement. Le résultat fait froid dans le dos.

Lire aussi Le difficile cantonnement de la « dette Covid-19 »

Un seul scénario, le A, permet d'équilibrer les comptes et de faire baisser fermement la dette à l'horizon 2030, à 106 %. Mais il est « peu probable », souligne le spécialiste. Il faudrait que la croissance économique moyenne annuelle atteigne 1,4 %. Il supposerait surtout une quasi-stabilité des dépenses publiques (+ 0,3 % en volume, c'est-à-dire en plus de l'augmentation nécessaire pour compenser l'inflation). Un scénario calqué sur les prévisions du gouvernement à l'horizon 2024-2025. Sauf que la croissance des dépenses publiques n'a été contenue qu'une seule fois sous 0,4 % au cours des 30 dernières années (0,3 % en 2018), insiste François Ecalle. Dans le contexte politique et social actuel en France, « la probabilité d'un tel scénario est très faible. »

Un scénario de dette insoutenable

Les autres scénarios sont beaucoup moins roses puisque la dette publique continue d'augmenter. Avec une croissance annuelle similaire, de 1,4 %, mais une augmentation des dépenses de seulement 1 %, dans le scénario B, « le déficit public diminue beaucoup moins vite et ne revient qu'à 3,3 % du PIB en 2030. La dette publique augmente à partir de 2023 pour atteindre 122 % du PIB en 2030 », résume-t-il.

Lire aussi Sécurité sociale : le cri d'alarme de la Cour des comptes

Le scénario C prévoit encore une croissance de 1,4 %, mais avec une augmentation des dépenses au même niveau. Dans ce cas, « la dette publique s'accroît beaucoup plus rapidement et atteint 130 % du PIB en 2030 ». Résultat, « si ces taux de croissance du PIB, des recettes et des dépenses publiques étaient maintenus indéfiniment, le déficit resterait égal à 5,2 % du PIB et la dette publique convergerait, à un horizon infini, vers 173 % du PIB ». Le scénario D table toujours sur une croissance de 1,4 %, mais suppose que la croissance des dépenses revienne à son niveau moyen observé de 1999 à 2008 de + 2 %. Ce qui n'est pas improbable vu la demande pour toujours plus de dépenses publiques. « Dans ces conditions, le déficit public augmenterait chaque année et serait de 7,9 % du PIB en 2030. La dette publique atteindrait 142 % du PIB en 2030 et sa hausse n'aurait pas de limite. » La dette deviendrait insoutenable.

                                                    

Le dernier scénario, le E, est moins affolant. Il table sur une croissance durablement diminuée par la crise, à 1 %, mais avec une dépense publique qui progresse au même rythme, c'est-à-dire l'évolution moyenne observée entre 2012 à 2019, période souvent considérée comme marquée par la rigueur budgétaire… Ce scénario « permet de stabiliser la dette publique seulement à un horizon très lointain et à un niveau très élevé », souligne François Ecalle. La condition nécessaire de soutenabilité des finances publiques (pouvoir stabiliser la dette en pourcentage du PIB) est ainsi satisfaite, mais il n'est pas sûr que ce soit suffisant pour éviter que la prime de risque des emprunts français augmente fortement un jour et provoque une crise.

La faiblesse des taux ne suffit pas

Précisons qu'il ne faut pas compter sur la faiblesse des intérêts de la dette pour contrecarrer ces scénarios. Et pour cause : ils sont déjà fondés sur des hypothèses de taux très faibles. « De 2009 à 2019, le taux d'intérêt moyen sur le stock de dette publique est passé de 3,6 à 1,5 %, soit une baisse de 0,2 point par an », rappelle le spécialiste. Par prudence, il a prolongé la tendance, à un rythme à peine ralenti, dans les prochaines années.

Lire aussi Le fantasme de l'annulation de la dette

Ce qui veut dire que, dans tous les scénarios, les dépenses publiques « primaires », hors charge de la dette, pourraient être à peine supérieures aux dépenses totales, de l'ordre de 0,2 à 0,3 point, « ce qui correspond à l'écart observé dans les années 2009-2019 ». Autrement dit, « la prise en compte de la diminution des charges d'intérêt ne rend [… ] pas beaucoup plus facile la maîtrise des dépenses publiques. Dans les scénarios B et E, il faudrait faire à peu près les mêmes efforts d'économies sur les dépenses primaires que dans la dernière décennie ».

Bruno Le Maire ne cesse de répéter que la dette devra être remboursée. Ce qui veut dire, en réalité, qu'elle devra rebaisser, car une dette d'État ne se rembourse jamais totalement puisqu'il peut réemprunter sur les marchés le montant nécessaire au remboursement des précédents emprunts. Le ministre de l'Économie et des Finances table sur la croissance, les réformes, comme celle des retraites. Pas sûr que cela soit suffisant. « Aucune marge » ne sera, en tout cas, disponible pour baisser les prélèvements, conclut François Ecalle. À moins de supposer, comme l'ont fait beaucoup de gouvernements par le passé, que les baisses d'impôts stimulent suffisamment la croissance pour faire diminuer la dette. Ce qui ne s'est jamais vérifié jusqu'à présent.

 

 

 

 

Émigration clandestine / Opération de patrouille : Virée en haute mer, à bord de "l'ANAMBÉ", avec les soldats de la marine nationale.

 

Au moment où l'émigration clandestine reprend de plus belle sous les cieux sénégalais, la marine nationale, consciente de son rôle prépondérant pour endiguer ce phénomène inquiétant, est plus que jamais sur le qui-vive pour juguler ce flux migratoire. C'est d'ailleurs ce qui a motivé cette mission de police en mer de la marine nationale sénégalaise, au sein du navire " ANAMBÉ, avec comme objectifs principaux : la recherche, la localisation suivie de l'arrestation et de l'escorte des embarcations en infraction.  

Revenant sur cette sortie en mer, le lieutenant de vaisseau Bacary Ndiaye qui a déroulé la feuille de route, de renseigner que plusieurs missions de patrouilles quotidiennes sont ainsi déployées au large de Dakar, Saint-Louis, Cayar, Mbour, Djiffère et au niveau de l'embouchure du fleuve Casamance. Un programme qui entre dans le dispositif spécial mis en branle depuis 2006, à la suite des arrivées massives de migrants clandestins au niveau des îles Canaries. 

Avec près de 212.000 km2 à couvrir, la tâche est loin d'être aisée pour les radars de la marine nationale, fortement sollicités avec des départs à toutes heures, de pirogues de fortune. Quelques jours après la collision survenue à 5 km au large de Dakar dans la nuit du 25 au 26 octobre, entre le patrouilleur Sangomar de la Marine nationale sénégalaise et une pirogue de migrants clandestins, cette sortie en mer aux allures d'opération de rachat, a permis à la marine sénégalaise de revenir sur son carnet de bord. 

À partir du centre de coordination, qui veille 24h / 24h, les divers renseignements sur les potentiels mouvements de pirogues sont traités en temps réel par les patrouilleurs de la mer. Pas moins de 18 sorties du genre sont organisées chaque semaine à partir des bases navales. 

Outre la lutte contre l'émigration clandestine au Sénégal, ces patrouilles maritimes permettent à la Marine nationale de marquer un peu plus le coup dans le cadre des opérations contre les activités de pêche illicites ou de trafic de drogue... 

https://youtu.be/CZvUXaS6l6c

GÉRER ET PRÉSERVER LA MANGROVE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Au Sénégal, les conséquences du changement climatique se font déjà durement ressentir. Une conséquence concrète ? La salinisation du delta du Sina Saloum, qui menace l’écosystème et tous les pêcheurs qui en vivent. Pour y remédier, l’Opération 11.11.11 soutient un vaste projet de plantation de palétuviers. En protégeant l’écosystème, ils permettent de lutter concrètement contre les effets dévastateurs du réchauffement.

Au Sénégal, les conséquences du changement climatique se font déjà durement ressentir. Le delta du Sine Saloum, un large fleuve au Sud-Ouest du pays, est un bon exemple des problèmes qui affectent de nombreuses survie embouchures dans les pays du Sud. Conséquence des changements climatiques, la mangrove recule dangereusement dans cette embouchure. La mangrove, c’est quoi ? Un maillon essentiel de l’écosystème local : c’est au pied de cet écosystème de marais maritime que les poissons viennent se reproduire. La détérioration des ressources met donc en péril l'économique des populations de pêcheurs locaux. Comme ailleurs en Afrique de l’Ouest, la détérioration du climat menace de pousser les populations locales à rejoindre les rangs de plus en plus nombreux des réfugiés climatiques.C’est pourquoi des associations locales, soutenues par Eclosio et l’Opération 11.11.11, interviennent auprès des groupements de femmes de la région de Fimela pour les inciter à protéger la mangrove et pour les renforcer économiquement (amélioration des techniques de transformation des produits de la mer, séchage du poisson etc.). Depuis une dizaine d’années, les femmes replantent les pieds de palétuviers. Elles ont reboisé pas moins de 100 hectares sur les îles avoisinant le village. D’autres ONG soutenues par l’Opération 11.11.11 sont présentes dans la région pour soutenir économiquement les pêcheurs, par exemple en les aidants à développer une activité ostréicole durable.

La Mauritanie a déjà refoulé quelques 300 migrants

Lundi 2 Novembre 2020

 

 

Près de 300 jeunes sont passés par le Bac de Rosso vendredi dernier pour être transférés au Sénégal. Ce sont des rescapés de diverses aventures de partance en Europe qui ont échoué ces dernières semaines aux larges des côtes mauritaniennes, sénégalaises et marocaines.

Les populations de la ville de Rosso ont été réveillées vendredi dernier par le vrombissement de moteurs de bus de la Police transportant des dizaines de jeunes en provenance de Nouakchott. Parvenus au Bac de Rosso, ces derniers ont pris pied à terre pour les dernières formalités administratives avant d’être remis à la Police sénégalaise.

Il s’agit de jeunes garçons âgés entre 15 et 40 ans et de jeunes mamans accompagnées de leurs enfants à bas âge. Tous proviennent de l’Afrique subsaharienne (Sénégal notamment, mais aussi, Gambie, Burkina et Niger).

Très mal en point, ils sont très nombreux ceux d’entre eux qui ne parviennent pas à se tenir debout tellement ils ont été anéantis par les épreuves des aventures vécues. Pieds nus, ils semblent perdus, ne disent mot et ont le regard fixé vers l’horizon.

Les récits d’aventure sont divers : certains seraient rescapés d’embarcations tombée en panne en pleine mer, d’autres ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à prendre l’eau à partir des côtes de Mauritanie, d’autres encore ont été interceptés par les gardes côtes alors qu’ils s’apprêtaient à entrer dans les eaux territoriales marocaines ou espagnoles.



Près d’une cinquantaine auraient été retrouvées aux frontières marines entre la Mauritanie et le Sénégal.

Dans leur regard, se lit le désespoir, mais aussi le regret d’avoir échoué dans l’aventure. Approchés davantage, ils sont nombreux ceux qui comptent tenter à nouveau l’aventure en mer, persuadés qu’ils sont « que le destin est déjà prescrit et que partant, s’ils devaient survivre, ils survivraient, la mort ne survenant qu’une seule fois ».

Interrogé sur leur situation, ils disent avoir désespéré dans leur vie quotidienne face au chômage et à la pauvreté, incapables qu’ils sont de ne pas parvenir à subvenir à la moindre demande de leurs proches.



Arrivés à Rosso tôt le matin de ce vendredi, ils passeront deux heures d’horloge à effecteur leurs formalités administratives avant d’être placés en priorité dans le Bac qui devait les conduire de l’autre côté de la frontières à Rosso Sénégal, sous le regard béat des voyageurs du jour.

Il faut dire que ces dernières semaines, ce sont des dizaines de pirogues d’infortune avec à leur bord des centaines de jeunes qui ont tenté l’aventure de mer pour se rendre à partir de la Mauritanie, du Sénégal ou de la Gambie, à se rendre aux Iles canaries.

La dernière aventure du genre a été évoqué la veille jeudi 29 octobre par la presse espagnole qui fait état du naufrage d’une pirogue qui a provoqué la mort d’environ 140 personnes au large de la Mauritanie. La pirogue avait quitté le Sénégal deux semaines plus tôt en direction des Canaries avec environ 80 personnes à son bord. L’embarcation est tombée en panne alors qu’elle se trouvait en haute mer et a chaviré pendant plusieurs jours, selon ces médias.

 L’information a été reprise par l’organisation mondiale de la migration qui a annoncé jeudi qu’au moins 140 migrants sont morts noyés en face des côtes sénégalaises.

Selon l’organisation les marines sénégalaise et espagnole et des pêcheurs ont sauvé près de 60 migrants qui se trouvaient à bord d’une embarcation qui a pris feu avant de se renverser, quelques heures après son départ samedi de la ville de M’Bour à destination des Iles Canaries.

L’organisation précise que pas moins de 200 personnes se trouvaient à bord de cette embarcation dont 140 ont péris dans cette catastrophe, la plus dramatique en 2020.

Vendredi dernier déjà plus de 20 migrants clandestins sénégalais ont trouvé la mort à 80 kilomètres de la ville de M’Bour après que le moteur de leur embarcation ait pris f