L’Europe et l’Afrique du Nord doivent revoir leur coopération pour protéger les droits des migrant-e-s

Des années de politiques migratoires régressives ont vu l’Union européenne passer d’un promoteur des droits humains en Afrique du Nord à un acteur qui privilégie son intérêt par rapport aux besoins et aux droits des personnes, révèle aujourd’hui une nouvelle étude d’Oxfam. Le rapport « Le véritable intérêt commun », montre comment l’UE externalise la gestion aux frontières aux pays de l’Afrique du Nord, et les personnes réfugiées et autres migrant-e-s en payent le prix au final.

 

L’étude d’Oxfam montre que les récentes politiques de l’UE ont ancré des normes de protection déficientes dans les pays d’Afrique du Nord pour les personnes demandeuses d’asile et ont renforcé la discrimination quotidienne des migrant-e-s. Ces politiques migratoires ignorent la protection des migrants, le respect des droits humains et le fait que le développement va de pair avec la mobilité humaine. L’organisation appelle l’Union européenne à inverser la tendance dans le cadre du nouveau pacte de l’UE sur la migration et l’asile récemment annoncé, ainsi que la conception de ses instruments financiers dans les années à venir.

Raphael Shilhav, conseiller d’Oxfam pour la politique migratoire de l’UE, affirme que l’Union européenne doit placer les droits humains et la protection des personnes dans le besoin au centre de sa future coopération avec l’Afrique du Nord.

« Même si le nombre de personnes qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l’Europe a diminué, leurs souffrances n’ont fait qu’augmenter. »

« La promotion de la sécurisation des frontières par-dessus tout, y compris les droits et les besoins des personnes, a délibérément enraciné un environnement hostile pour les migrant-e-s en Afrique du Nord et encouragé des politiques répressives et des violations des droits. Le résultat est que les personnes migrantes et réfugiées ne sont pas protégées ou bienvenues et leurs droits sont systématiquement violés. »

Le rapport a constaté que si les pays, tel que le Maroc et la Tunisie, doivent assumer la responsabilité de leurs propres systèmes de migration et d’asile désuets et non réformés, les politiques globales de l’UE font peu pour encourager les réformes de ces politiques archaïques. Au lieu de cela, malgré quelques améliorations dans les pays, la coopération de l’UE en matière de migration avec l’Afrique du Nord est fondée sur un intérêt commun, celui d’une sécurité accrue aux frontières qui n’améliore pas les droits humains.
 
Oxfam appelle l’UE à être un partenaire pour la protection et la défense des droits humains et du développement dans la région, afin qu’elle ne continue pas sur la voie de politiques répressives qui ne feront que créer et enraciner la xénophobie, le racisme et ignorer les libertés et les droits fondamentaux. L’UE doit également abandonner ses plans de conditionner son soutien aux pays en développement à leur coopération concernant son agenda d’externalisation.
 
«Il ne s’agit pas uniquement d’investissement, il s’agit de changements fondamentaux et structurels dans la manière dont l’UE et les pays d’Afrique du Nord pensent à la migration et à la protection, » explique M. Shilhav.
 
« Les politiques migratoires de l’UE ignorent depuis longtemps les priorités des pays avec lesquels elle s’associe au profit de sa propre sécurité frontalière. Alors que l’impact mondial de la pandémie sur les personnes vulnérables ne fait que commencer à être visible, le moment est venu de travailler à un intérêt commun pour l’Europe, l’Afrique du Nord et les migrant-e-s grâce à une coopération axée sur la protection des personnes et la réalisation de leurs droits. »

 

 

 

 

Migrations : L’UE appuie la protection des migrants les plus vulnérables en Afrique de l’Ouest

NIAMEY, 28 octobre (ANP) - Le Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, de la  Décentration, des Affaires Religieuses et Coutumières du Niger, M. Alkache Alhada, a présidé, ce mercredi 28 octobre à Niamey, la cérémonie officielle de mise en place du Comité de pilotage du lancement du Projet d’appui à la protection des migrants les plus vulnérables en Afrique de l’Ouest.

Ce projet est financé à plus de 13 milliards de francs CFA par le Fonds Fudiciaire d’Urgence  de l’Union Européenne et sera exécuté par un Consortium de trois ONG que sont la Croix Rouge espagnole comme Chef de file, Caritas Suisse et Save The Children.

12 pays du Sahel et du Lac Tchad sont concernés par ce projet qui vise à « assurer la protection des migrants les plus vulnérables et leur accès aux services de base pour contribuer à une meilleure gestion de la migration », selon le Chargé d’affaires de l’Union Européenne, M. Olai Voionmaa.

Selon lui, à travers ce projet, « plus de 2 milliards 262 millions de francs CFA seront injectés au Niger ».

La précarité économique, le faible niveau de formation et le manque d’opportunités d’emploi, ainsi que les facteurs d’instabilité et d’insécurité, couplés à la faible gouvernance, très présents dans les régions du Sahel et du Lac Tchad « sont les principales raisons qui mènent les personnes à quitter leurs lieux de résidence pour migrer en direction des côtes atlantique et méditerranéenne », a ajouté le Chargé d’affaire de l’Union européenne.     

Pour le Ministre Alkache Alhada, le phénomène migratoire, de par son ampleur et les enjeux socio-économiques, politiques, culturels et sécuritaires qui le sous-tendent, « constitue une préoccupation majeure à l’échelle planétaire ».

Selon lui, le Niger apparait « comme un carrefour et une zone de transit importante dans un système complexe. En termes de flux entrant dans la ville d’Agadez, il a été enregistré pas moins de 100.000 migrants en 2015 contre environ 10.000 seulement en 2018 ».

Pour sa part, le Président de la Croix Rouge Nigérienne, Ali Bandiaré a rappelé que ces dernières décennies, « les mouvements migratoires dans le monde ont pris des proportions jamais atteintes jusqu’ici. Des études réalisées par des organisations internationales estiment effectivement à plusieurs millions le nombre de personnes vivant actuellement loin de chez elles, parmi lesquelles des réfugiés ou des personnes déplacées par la guerre ».

C’est dans un contexte de défis humanitaires sur la migration, de désespoir pour les migrants et dans l’optique de la recherche d’une solution durable au problème migratoire au Niger que « l’Union européenne a fait de cette question une priorité stratégique pour notre pays en finançant deux projets », a poursuivi Ali Bandiaré, précisant que ces projets viennent en complément aux actions déjà menées par la Croix Rouge nigérienne et ses partenaires du Mouvement Croix Rouge au Niger.

Cette cérémonie s’est déroulée en présence de l’ambassadeur du Royaume d’Espagne au Niger, M. Nouria Reigosa Gonzales.

SML/KPM/ANP-188 Octobre 2020