Le rapport de S.M le Roi sur l'Observatoire africain des migrations présenté devant le Sommet de l’UA L’Afrique est davantage une terre d’immigration que d’émigration et la migration africaine est intra-régionale

Le changement climatique constitue un «moteur de la migration forcée en Afrique», souligne le rapport de S.M le Roi Mohammed VI sur le suivi de la mise en place de l'Observatoire africain des migrations au Maroc, présenté par le chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani, lundi devant le 33ème Sommet ordinaire de l’Union africaine (UA), qui s’est tenu à Addis-Abeba.
«Les inondations, la sécheresse et autres effets du changement climatique chassent des millions d’Africaines et d’Africains de chez eux», explique le rapport.  


La migration en Afrique pâtit d’une «fausse perception» et elle est en effet souvent associée uniquement à la pauvreté, alors que d’autres facteurs sont à l’origine du phénomène, comme le changement climatique, déplore le document, indiquant que l’Afrique est le continent le plus touché par le phénomène nouveau des «migrants climatiques».  
Sur les 140 millions de migrants potentiels du fait du changement climatique, plus de la moitié -soit quelque 86 millions de personnes- pourraient appartenir à l’Afrique subsaharienne, d'ici à 2050, fait savoir la même source.  La migration est un facteur de développement puisque les migrants ont envoyé 529 milliards de dollars dans leurs pays d’origine en 2018, des transferts de fonds qui représentent très souvent des sommes supérieures à l’aide publique au développement et aux investissements directs étrangers, précise le rapport.
Cependant, l’Afrique est le continent qui reçoit le moins d’envois de fonds avec un montant de 46 milliards de dollars, contre 143 milliards en Asie de l’Est et Pacifique, 131 en Asie du Sud, 88 en Amérique Latine et 59 en Europe et Asie orientale, fait savoir la même source. L’Afrique a les coûts les plus élevés au monde en matière d’envois de fonds, alors que l’objectif mondial est de 3% (cible 7 de l’ODD7), relève le rapport, précisant que le continent a des coûts «très onéreux» qui s’élèvent à plus de 9%, sans connaître de tendance à la baisse.
Le transfert des fonds, qui représente un «potentiel inexploité», peut constituer un véritable levier pour le développement endogène du continent, d'après le document qui juge que la digitalisation des transferts de fonds doit s’accompagner d’une «traçabilité accrue» et d’une «utilisation productive et durable» de l’épargne par les diasporas, afin de créer de la richesse sur le long terme.
La contribution des migrants au développement «ne se fait pas à sens unique» et «ne se résume pas seulement aux transferts de fonds vers les pays d’origine; elle contribue également au développement au sein des pays d’accueil et ce, d’autant plus qu’un grand nombre de migrants internationaux se trouvent dans les pays en développement, précise la même source.
Pour autant, les stéréotypes autour des migrants africains demeurent un «lieu commun universel», regrette le Souverain, notant que les approches sécuritaires, les instrumentalisations politiciennes et les calculs électoraux participent à la déformation du phénomène migratoire.
La migration internationale n’est pas africaine, l’Afrique est davantage une terre d’immigration que d’émigration et la migration africaine est intra-régionale, affirme le rapport à se sujet.


Le Maroc doublement primé à Addis-Abeba
Le Maroc s’est vu décerner, lundi, à Addis-Abeba, deux prix de l’Union africaine (UA), récompensant les efforts du Royaume en matière de lutte contre les changements climatiques et de transformation de l’agriculture en Afrique.
Il s’agit du prix de la meilleure performance en matière de changement climatique et du prix de la meilleure performance de l’année 2020 pour la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo de 2014 relative à la transformation de l’agriculture africaine.
Ces prix, décernés au Royaume à l’occasion du 33ème Sommet ordinaire de l’UA qui se tient dans la capitale éthiopienne, constituent une autre reconnaissance des efforts déployés par le Maroc en faveur du développement du continent.
Les changements climatiques représentent un défi de taille pour l’Afrique, le continent le plus exposé aux effets de ces changements avec leur lot de cyclones, d’inondations et de cycles prolongés de sécheresse.
Les pas franchis par le Maroc, à la faveur d’une stratégie visionnaire de développement des énergies renouvelables, positionnent le Royaume au premier rang de la lutte contre les changements climatiques en Afrique.
L’expertise du Royaume est aujourd’hui sollicitée partout dans le continent, de la région du Sahel jusqu’aux Etats insulaires, des régions qui bénéficient déjà du savoir-faire développé par le Maroc dans ce domaine intrinsèquement lié à l’avenir de l’Afrique.
Dans le domaine agricole, le Plan Maroc Vert a été cité lors du Sommet comme modèle duquel de nombreux pays africains frères souhaitent s’inspirer dans le cadre de leurs efforts visant à répondre aux attentes de leurs populations en termes de développement durable.


Les points clés du rapport Royal
Voici les points clés du rapport de S.M le Roi Mohammed VI sur le suivi de la mise en place de l'Observatoire africain des migrations au Maroc, présenté par le chef du gouvernement lundi devant le Sommet de l’UA :
- La migration en Afrique pâtit d’une fausse perception. Elle est en effet souvent associée uniquement à la pauvreté, alors que d’autres facteurs sont à l’origine du phénomène, comme le changement climatique, qui constitue un moteur de migration forcée en Afrique.
- L’Afrique est le continent le plus touché par le phénomène nouveau des «migrants climatiques». Sur les 140 millions de migrants potentiels du fait du changement climatique, plus de la moitié -soit quelque 86 millions de personnes- pourraient appartenir à l’Afrique subsaharienne, d'ici à 2050.
- La migration est un facteur de développement. Les migrants ont envoyé 529 MM$ dans leurs pays d'origine en 2018. Le continent reçoit le moins d'envois de fonds avec 46 MM$, contre 143 MM$ en Asie de l'Est et Pacifique, 131 MM$ en Asie du Sud, 88 MM$ en Amérique latine et 59 MM$ en Europe et Asie orientale.
- La migration internationale n’est pas africaine. Moins de 14% seulement des migrants internationaux sont africains, soit moins d’un 1 migrant sur 5 qui est africain.
- La migration africaine est intracontinentale. Moins de 3% de la population africaine a émigré à l’international. Les trajectoires africaines ne sont pas Sud-Nord, mais Sud-Sud. Depuis 2005, la migration Sud-Sud a augmenté plus rapidement que la migration Sud-Nord.
- L’Observatoire africain des migrations vient en réponse à un besoin structurel en matière de données fiables sur les migrations. Les données sur les migrations sont aussi rares qu’essentielles et s’appuie sur l’idée fondamentale selon laquelle une meilleure gouvernance de la migration requiert une amélioration significative des données quantitatives et qualitatives sur la migration.
- L’Observatoire africain des migrations est une institution de l’Union africaine articulée autour d’une triple fonction de compréhension, d’anticipation et d’action.
- Grâce à l’Observatoire que le Maroc abritera, l’Afrique disposera d’un outil de plaidoyer et d’aide à la prise de décision. Les données migratoires solides et fiables constituent autant d’outils indispensables à l'élaboration de politiques pertinentes, efficaces et adaptées à la réalité.
- Ce mécanisme régional de collecte, d’analyse, de gestion et d’échange de données dote l’Afrique d’un levier de développement.
- Instrument africain en faveur de la coordination, l’Observatoire implique une double coordination : au niveau national entre les différents départements et au niveau continental entre les différentes communautés économiques régionales.
- L’Observatoire est également un outil en faveur de la mise en œuvre du Pacte de Marrakech sur les migrations, lequel reconnaît la nécessité d’optimiser les avantages globaux de la migration, tout en tenant compte des risques et des défis que rencontrent les migrants et les communautés dans les pays d'origine, de transit ou de destination.
- Le Maroc propose d’accueillir, le 10 décembre 2020, le 1er Forum régional africain pour la mise en œuvre du Pacte de Marrakech. Il servira de réunion préparatoire africaine au Forum d’examen des migrations internationales de 2022.
- Le Maroc est disposé à partager son expérience nationale en matière de gestion migratoire – reconnue par les Nations unies comme modèle pouvant inspirer d’autres pays – avec les pays frères africains qui le souhaitent.
- Les mesures prises par le Maroc pour éradiquer le trafic de migrants ainsi que l’adoption d’un cadre juridique en matière de lutte contre la traite des personnes a pour dessein la réduction des situations de fragilité et de risques auxquels les migrants sont confrontés ainsi que la protection et le respect de leurs droits.
- La politique migratoire du Maroc constitue une dimension fondamentale de la politique africaine du Royaume, en ce qu’elle vise, entre autres, à lutter contre les causes profondes de la migration.
- A travers l’intégration du binôme migration-développement dans ses politiques publiques, le Maroc contribue, en effet, à favoriser l’émergence, le développement et la prospérité du continent africain, dans son intégralité.


Mercredi 12 Février 2020