Procès des réquerants d'asile à Agadez

Droits des étrangers/Ouverture du procès des demandeurs d’asile à Agadez . Le procès des réfugiés et  demandeurs d’asile a démarré le 10 février 2020 à Agadez. Etalé sur une dizaine de jours, ce procès est inédit en raison du nombre élevé et du statut particulier des personnes poursuivies par la justice nigérienne.                                                       
Le 10 février 2020 a débuté dans l’enceinte du Tribunal de Grande Instance (TGI) d’Agadez le procès marathon de plus de 100  réfugiés et demandeurs d’asile. Parmi eux, une femme. Ils sont accusés par la justice « de faits d’attroupement non armé sur la voie publique, de rébellion en bande organisée et destruction volontaire d’édifices et autres constructions commis dans la ville d’Agadez et sur le camp du HCR ».  Selon le parquet, les faits incriminés se sont déroulés entre décembre 2019 et janvier 2020.

Au départ, ils étaient 336 dont 6 mineurs à être arrêtés et gardés à vue à la tribune officielle, faute de place dans les lieux de détention ordinaire. Très vite, les mineurs ont été relâchés. Après les auditions préliminaires, une centaine a été libérée, et a regagné sans obstruction aucune le centre d’accueil humanitaire (CAH), où le HCR continue à leur assurer les services sociaux de base.

Conformément à sa mission de protection des droits humains, l’association Alternative Espaces Citoyens(AEC) a dépêché du 15 au 19 janvier 2020 à Agadez, une mission de collecte d’informations et d’assistance juridique et judiciaire aux détenus. Au cours de leur séjour, les membres de la mission ont rencontré de nombreux acteurs institutionnels et non institutionnels, visité le centre d’accueil humanitaire dévasté par un  incendie et rendu visite aux détenus.  Dans le souci de garantir un procès équitable aux personnes détenues, AEC a décidé  de leur apporter une assistance judiciaire par le biais du Cabinet d’Avocats KADRI.

 

Cette noble initiative bénéficie du soutien du bureau régional du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH-ONU).

Initialement prévue pour le 6 février 2020, l’ouverture du procès a été reportée au 10 du même mois, pour permettre à la défense d’être aux côtés de ses clients.

Au total, 121 personnes dont une femme passeront à la barre pour répondre des accusations portées à leur encontre durant la dizaine de jours que durera le procès.

Du côté de la justice, la salle d’audience est libre d’accès au public. Malgré cela, il y a très peu de mobilisation pour suivre ce procès peu ordinaire. Du côté de la société civile, seules, La CIMADE, association française de défense des droits des étrangers et AEC ont marqué une présence discrète dans la salle pour témoigner de leur solidarité vis-à-vis de ces personnes vulnérables en quête de protection internationale.

Pour rappel, en décembre 2019, les réfugiés et demandeurs d’asile installés dans le centre d’accueil humanitaire (CAH) situé à environ 15 km de la ville d’Agadez ont entamé un mouvement de protestation sous forme de marche pacifique et de sit-in devant les locaux du HCR. Les manifestants entendaient dénoncer des conditions de vie difficiles dans le camp, et surtout la lenteur du traitement de leurs dossiers de demande d’asile. Ils ont juré de ne pas quitter la devanture des bureaux de l’UNHCR tant qu’une solution acceptable n’est pas trouvée à leurs revendications. 

Après plusieurs semaines de négociations infructueuses, les autorités locales ont instruit le 14 janvier 2020 les forces de l’ordre d’organiser le rapatriement des manifestants sur leur site d’hébergement qu’ils ont abandonné depuis le 16 décembre. C’est dans ces circonstances mouvementées qu’un incendie a dévasté 290 sur les 331 RHU ou maisons d’habitation du centre  ainsi que l’infirmerie. Après investigations, le parquet a décidé  d’engager des poursuites contre le groupe de personnes identifiées comme  meneurs. Le verdict de ce jugement inhabituel est attendu la main sur le cœur par les défenseurs des droits humains, et par l’UNHCR dont le chargé de protection n’a raté aucune des audiences des premiers jours.

Nous y reviendrons…