Burkina: ouvrez le robinet du droit à l’eau

« L’eau c’est la vie » dit l’adage vieux de temps immémoriaux. Mais en Afrique, et singulièrement au Burkina Faso, l’eau c’est la galère. En zone rurale il faut parcourir parfois des dizaines de kilomètres pour s’approvisionner en eau de qualité très douteuse pour ne pas dire impropre à la consommation et même à d’autres usages. Si le seul forage du village n’est pas en panne, il est toujours pris d’assaut par des usagers sevrés d’eau durant des jours.

Certains dorment carrément sur ces lieux qui se transforment régulièrement en rings de boxe, chacun voulant être parmi les premiers à se faire servir.  Ces champs de bataille ne sont pas méconnus des citadins qui, eux, ont leurs arènes de combat autour des bornes fontaines des quartiers. Car l’eau n’est pas à portée de tous les ménages, notamment ceux qui sont dans l’incapacité de payer le branchement, même à coût social, de l’Office national d’eau et d’assainissement (ONEA). L’autre drame que les consommateurs vivent silencieusement et dans un fatalisme étonnant, ce sont les coupures d’eau de 24 heures à deux et trois jours, voire plus, que subissent les Burkinabè qui pensaient être des privilégiés en s’abonnant et en payant régulièrement leurs factures à l’ONEA. Même que parfois, le système de facturation méconnu ou peu compréhensible du grand public fait débourser des sommes plus élevées que de normal. Si le consommateur ne s’exécute pas, «coupez!».

Et quand le robinet devient muet à cause des caprices récurrents de l’ONEA ou pour cause de non-paiement de la facture, c’est encore une autre galère pour les usagers. En effet, il faut se faire livrer alors l’eau à domicile par ces infatigables pousseurs de barrique ou de charrettes remplies des fameux «bidons jaunes». En cherchant le pain quotidien, ces vendeurs et vendeuses d’eau livrent aussi de nombreuses maladies. Il suffit de jeter un œil à l’intérieur de ces récipients pour se rendre compte de leur insalubrité criarde à faire pâlir de jalousie une porcherie. Ainsi, l’eau potable, claire et limpide de la borne fontaine devient, dans les verres, salles de bain et cuisines des ménages, impropre à la consommation parce que très souillé par de nombreux germes de maladies insoupçonnables. Donc un poison lent mais irréversible pour les Burkinabè qui ne se sont pas dotés de système de filtrage et ne jugent plus utile de stériliser cette eau, en principe propre. Pénibilité, coût élevé et maladies sont les problèmes associés à l’accès à l’eau potable pour la majorité des populations. Très curieusement, contrairement à l’énergie, il est impossible d’avoir des chiffres officiels sur le nombre d’heures ou de jours des nombreuses coupures d’eau, a fortiori, d’en mesurer l’impact sur les activités économiques et la vie des populations. Comment peut-on résoudre un problème qu’on n’essaie pas de quantifier? Malheureusement, cette situation de précarité a encore de beaux jours devant elle, les Burkinabè en majorité de niveau d’instruction bas, ignorant tout ou presque tout de leurs droits, notamment celui à un service qui remplisse un minimum de qualité. Et comble de malheur, le débat autour de l’eau est étouffé, ne se menant que sur des données techniques donc accessibles qu’aux seuls ingénieurs du ministère en charge de l’eau et autres experts dans le domaine.  Les consommateurs, que ce soit en ville ou dans les campagnes se contentent de subir. Et tout se passe comme si une omerta consensuelle empêche les populations de revendiquer ce droit et de se faire comprendre par les autorités. Même les organisations de la société civile et syndicales, si promptes à dénoncer les dérives politiques sont atones et aphones sur le sujet. Pourtant, à la fin des marches contre la modification de la constitution ou pour l’augmentation des salaires et autres avantages, il faut se désaltérer à l’eau, laver les habits et chaussures couvertes de poussière à l’eau, se laver à l’eau, manger des repas cuits grâce à l’eau, etc.

Paradoxe des paradoxes, l’accès à l’eau potable demeure le souci cadet, pour ne pas dire cyniquement le souci mineur de ceux qui nous dirigent, à moins qu’eux aussi ne sachent pas comment résoudre efficacement les problèmes. Les promesses électorales deviennent donc caduques dès que les votes des populations leur ont permis d’accéder à leurs ambitions.  S’il est dit que chaque peuple mérite ses dirigeants, alors les populations doivent désormais savoir décrypter les discours de campagne et être surtout en mesure de demander des comptes à leurs auteurs. Et comme des élections approchent à grand pas, l’opinion ne doit plus applaudir béatement les promesses classiques de milliers de forages, de tuyaux ou de châteaux, mais juger les politiciens à l’aune de leur maîtrise des problèmes et de leur niveau de créativité. Les états-majors des partis politiques et les candidats doivent intégrer dans leurs analyses  que désormais, les citoyens veulent apprécier des progrès tangibles sur la qualité des services. L’eau doit couler correctement au robinet à chaque fois qu’on en a besoin et le robinet doit se rapprocher de tous les foyers! Si on est arrivé à faire autant de progrès pour la téléphonie mobile en une décennie et qu’on est sur le point d’envoyer un satellite dans l’espace, il est difficile de comprendre la persistance de la corvée d’eau pour la majorité des Burkinabè. Ouvrez donc le robinet du droit à l’eau!

Par Wakat Séra

2- Sénégal: L'intercommunalité de l'entente du bassin versant de Keur Diatta lancée à Nioro
L'Intercommunalité de l'entente du bassin versant de Keur Diatta, qui regroupe sept communes, a été créée ce mardi, à Nioro. Elu président de l'Intercommunalité par ses pairs, à l'issue d'une assemblée générale constitutive, le maire de Taiba Niasséne, Mohamed Habib Niasse, a rappelé que "cette entente est le fruit d'un long processus ayant duré un an et avait au départ l'ambition de regrouper toutes les communes sous le nom de l'entente du Rip". Cependant, "cette ambition s'est heurtée à des difficultés pour sa concrétisation", a expliqué M. Niasse. Lire la suite

Nioro, 29 janv (APS) - L’Intercommunalité de l’entente du bassin versant de Keur Diatta, qui regroupe sept communes, a été créée ce mardi, à Nioro, a constaté l’APS. 


Elu président de l’Intercommunalité par ses pairs, à l’issue d’une assemblée générale constitutive, le maire de Taiba Niasséne, Mohamed Habib Niasse, a rappelé que ’’cette entente est le fruit d’un long processus ayant duré un an et avait au départ l’ambition de regrouper toutes les communes sous le nom de l’entente du Rip’’. 


Cependant, ’’cette ambition s’est heurtée à des difficultés pour sa concrétisation’’, a expliqué M. Niasse, indiquant ‘’qu’avec le soutien du Projet d’appui à la réduction de l’émigration rurale dans le bassin arachide (PARERBA), sept communes ont pu finalement la constituer avec l’ambition de dérouler certains programmes ensemble’’. 


Selon lui, ’’cette intercommunalité est perçue comme un outil de planification’’ conçu pour permettre aux communes de gérer ensemble le foncier, les ressources naturelles, entre autres domaines, et de faire le plaidoyer pour la recherche de financement. 


Pour expliquer la pertinence de cette initiative, il a signalé que la réalisation du programme ’’zéro déchet’’ fixé par l’Etat serait difficile pour une seule commune. 


Néanmoins, a-t-il indiqué, ’’dans un cadre associatif, ces communes pourraient plus facilement mettre en place un site de décharge, réalisant ainsi un grand pas vers cet objectif’’. 


Aussi, M. Niasse compte sur l’engagement de ses collègues et l’appui des services techniques et des partenaires au développement pour la réussite de cette première initiative du genre dans la région.


Au cours de cette rencontre, l’entente a mis en place un bureau exécutif avec l’ensemble des organes le composant et un siège acquis avec la contribution des communes. Le secrétaire permanent de la Commission nationale du dialogue des territoires, Harouna Ba a pris part à cette rencontre.


Les sept communes de l’Entente sont : Nioro, Darou Salam, Dabaly, Gainte Kaye, Paoskoto, Taïba Niassene et Porokhane. 

 

 

3- Tunisie: Suite à une grève sans préavis des agents municipaux - Tunis noyé sous les déchets
Tunis croule littéralement sous les ordures. En passant, hier, par les différentes rues de la capitale, on remarquait la gravité de la situation écologique marquée notamment par les ordures qui jonchaient même les artères de la ville, polluant tous les endroits. Et pour cause, une grève sans préavis des agents municipaux de Tunis qui a duré plus de trois jours. Alors qu'un accord entre la partie syndicale et la municipalité de Tunis a été signé pour lever la grève, certains agents ont refusé, hier, de reprendre le travail. Lire la suite

Tunis croule littéralement sous les ordures. En passant, hier, par les différentes rues de la capitale, on remarquait la gravité de la situation écologique marquée notamment par les ordures qui jonchaient même les artères de la ville, polluant tous les endroits. Et pour cause, une grève sans préavis des agents municipaux de Tunis qui a duré plus de trois jours. Alors qu’un accord entre la partie syndicale et la municipalité de Tunis a été signé pour lever la grève, certains agents ont refusé, hier, de reprendre le travail.

Les agents municipaux relevant de la municipalité de Tunis sont entrés, vendredi dernier, en grève pour revendiquer l’amélioration de leurs conditions matérielles et sociales et ont refusé même d’assurer un strict minimum de service pour lever les ordures et les déchets qui, en l’espace de quelques heures, ont rendu la situation environnementale insupportable dans la capitale Tunis.

Pourtant, la municipalité de Tunis a annoncé qu’à l’issue d’une séance de travail tenue lundi soir, un accord a été signé avec la partie syndicale pour lever la grève et reprendre le travail à partir d’hier. Ainsi les agents municipaux devaient suspendre hier la grève, mais la situation était toujours la même, et c’est vers 11h00 du matin que nous avons observé quelques engins mobilisés pour lever les déchets. La maire de Tunis, Souad Abderrahim, a affirmé dans des déclarations médiatiques que les agents municipaux ont poursuivi leur grève et ce malgré l’accord signé. « La municipalité de Tunis a été surprise par cette grève sans préavis et a tenté de résoudre le problème en répondant favorablement à quelques revendications sociales, mais les agents sont divisés entre ceux qui veulent reprendre le travail dans l’immédiat et ceux qui refusent de travailler et empêchent leurs collègues de reprendre du service ».

Selon Souad Abderrahim, la municipalité de Tunis a accepté la majoration des heures de nuit mais, hors de son budget, elle n’a pas pu accorder la prime de 300 dinars exigée par les agents municipaux. « Vu la situation écologique, nous avons fait appel à des sociétés privées pour lever les déchets, mais ces dernières ont été empêchées d’exercer leur travail et certains agents grévistes les ont même agressées », a-t-elle ajouté.

Lors d’une réunion tenue lundi 27 janvier 2020, et présidée par la maire de Tunis, Souad Abderrahim, la partie syndicale a étalé ses revendications dont certaines ont été acceptées par la municipalité. En effet, la mairie a répondu favorablement à une partie des revendications des agents grévistes portant notamment sur la fourniture de matériel de travail, la prévention des maladies et des accidents du travail et l’augmentation des allocations sociales. Samedi, la municipalité de Tunis avait appelé les agents grévistes et leurs syndicats au dialogue pour trouver un terrain d’entente et discuter de leurs revendications, mais même si un accord a été trouvé lundi, certains agents ont continué de forcer la main, ce qui explique la situation désolante dans laquelle ont plongé la capitale et ses principales rues.

Scènes désolantes
La grève des agents municipaux entamée le 24 janvier s’est poursuivie plu- sieurs jours, engendrant des amoncellements d’ordures dans les différents arrondissements relevant de la municipalité de Tunis. Aux quatre coins de la capitale, les mêmes scènes désolantes se sont reproduites : déchets et ordures jonchant les rues, des odeurs nauséabondes et des citoyens essayant de contourner les tas d’ordures.

L’arrêt des services de ramassage et de transport des déchets a été décidé, ainsi, d’une manière improvisée sans avoir informé la mairie de Tunis, comme le confirme Souad Abderrahim, mais il est utile de signaler que ce n’est pas la première fois que la capitale se trouve prise en otage par les agents municipaux. Il y a quelques mois, nous avons observé les mêmes images dans la capitale Tunis, au cœur de la saison touristique.